La vie de village, quelle plaie !
Top of the lake est un huis-clos à l'échelle d'un village dont les frontières physiques sont une nature environnante écrasante de majesté et de vide: des montagnes, des plaines, un lac. Les limites psychologiques, toutes aussi infranchissables, sont tracées par les liens qui unissent les habitants de cet endroit isolé, perdu à plus d'un titre où les secrets, les affaires, les amours, des uns et des autres se mêlent et s'emmêlent, où l'hier se rappelle à l'aujourd'hui.
Ce qui se e à Laketop reste à Laketop.
Même si l'on s'en éloigne les marques qu'il laisse, restent indélébiles. Il en est ainsi pour Robin, une policière qui revient dans ce village de son enfance pour soutenir sa mère mourante. Elle est alors appelée en renfort par la police locale pour traiter d'un cas délicat: une fillette de 12 ans enceinte. Ce drame résonne en elle et fait écho à ses propres traumatismes.
Sauver cette enfant l'entrainera vers un double exorcisme: surmonter un é qui la hante et purger le mal indicible qui prospère en ces lieux en toute impunité.
L'ambiance qui se dégage de cette histoire est à l'image de ce village: unique, malsaine, pesante, dérangeante, trop rarement lumineuse. Les magnifiques paysages inquiètent ou rassurent selon du côté où on se place car ces remparts naturels retiennent une population corrompue et complice.
Cet esthétisme glacial crée une distance qui laisse le spectateur à sa place: il regarde sans s'impliquer.
Ce fossé se creuse encore par la brochette de personnages qui ne parviennent pas à émouvoir, tous englués autant qu'ils sont dans leur misère (sociale, affective) et/ou leur démence pour les uns, perversité pour les autres.
L'on suit donc de loin l'enquête pour le moins décousue de Robin pour retrouver Tui, la révélation de sa grossesse précoce ayant conduit à sa disparition.
L'on s'étonne des réactions de tous ces gens face aux évènements qui s'enchainent de façon très opportune pour certains ou totalement rocambolesque pour d'autres.
Le visuel léché est clairement insuffisant pour adhérer à l'histoire. L'intensité inégale, la faiblesse de l'intrigue, des seconds rôles insignifiants pour la plupart font que Top of the Lake maque cruellement d'âme. A voir au moins une fois, cette série ne laissera pas, toutefois, de souvenirs impérissables.