Traversé par des vents contraires, je serais é par bien des états en jouant à Return of the Obra Dinn : déconcerté puis charmé par l'ambiance graphique ; emporté par la découverte de l'OST puis lassé par la redondance des thèmes musicaux.
Ou encore :
- galvanisé par la progression de l'enquête (la petite musique qui valide vos choix judicieux a quelque chose de tout à fait satisfaisant) ; et ponctuellement saisi de découragement face à la lourdeur de l'interface, au point de me dire qu'en fait, ce jeu n'était pas pour moi
Mais aussi :
- intrigué par l'envie d'en savoir plus sur le sort des agers mais parfois lassé par l'impression rébarbative d'avoir des "cases à cocher" pour avancer,
- subjugué d'avoir l'impression de jouer à quelque chose de novateur et déçu que le jeu n'aille pas plus loin dans l'univers qu'il propose.
Difficile de s'attacher aux personnages (ils sont trop nombreux), difficile aussi de parler d'émotion et c'est quand même dommage dans un jeu narratif. Ce qui prédomine ici, c'est l'immense satisfaction de poser très progressivement chaque pièce de ce gigantesque puzzle. Observation, méthode, méticulosité, hypothèses, persévérance, ne pas se décourager face à l'ampleur de la tâche et aux déductions qui ne mènent à rien ... Il y a un côté "mathématique" dans tout cela, un peu froid, calculatoire et désincarné. Clairement, beaucoup de joueurs ont lâché l'affaire. Et j'ai bien failli en être.
MAIS (et c'est un gigantesque "mais"), Return of The Obra Dinn, ne ressemble à aucun autre jeu et c'est pour cela qui j'y suis resté. Jamais un jeu ne m'aura fait réfléchir comme cela. Innovant de par son gameplay, sidérant d'ingéniosité et de minimalisme conjugués, et finalement ultra addictif dans ses mécaniques de récompense, j'ai aimé en triompher après une bonne quinzaine d'heures de jeu. Et je me suis naïvement senti très intelligent.