Premier film de la norvégienne Emilie Blichfeldt, « The Ugly Stepsister » (La vilaine demie-sœur) s’est fait remarqué à juste titre dans plusieurs festivals (Berlin, Sundance). Relecture plutôt originale du conte de Cendrillon, c’est du body horror (dont The Substance est le plus bel exemple)... bien plus que du film d’horreur ou du thriller, comme pourrait le laisser supposer son affiche.
Ici, le personnage central n’est pas Cendrillon, mais l’une de ses demie-sœurs, Elvira, prête à tout pour séduire le prince. Sur les conseils de sa mère (et grâce à sa fortune), la jeune femme devra endurer quelques corrections de chirurgie faciale, orthodontie, rhinoplastie, greffes de cils... et incuber un ver solitaire pour contrer sa boulimie.
On pourrait bien sûr reprocher pas mal de chose à ce conte cruel (de la jeunesse), son étalage un peu fétichiste, son manque de rythme, sa mise scène plan-plan... Il n’en reste pas moins un jeu de massacre assez jubilatoire, dont les effets spéciaux de maquillage et l’interprétation principale (Lea Myren) représentent les atouts majeurs. Le soin apporté à certaines scènes gore touche même au surréalisme.
Enfin, tourner à ce point en ridicule les attentes en matière de canon esthétique, de féminité et de bonnes manières, n’est évidemment pas gratuit... et constitue une très belle matière à réflexion. Une bonne surprise.