« Fils de pute, bâtard ! Crève, taureau ! »
« Vas-y taureau, res ta putain de mère ! »
« T'as des couilles, on chie sur les morts. »
Respect de l'animal et élégance, voici deux éléments que les défenseurs de la corrida mettent toujours en avant confirmés par ce que les micros HF posés sur Andrés Roca Rey et sa quadrille de courtisans ont capté dans les arènes et dans le van qui accueille notre charmante troupe à l'issue de chacun de leurs "exploits". Mais si je suis ressorti de là en détestant encore un peu plus la tauromachie ce qu'a capté Albert Serra et ses opérateurs est absolument fascinant, jamais le combat entre l'homme et l'animal, la barbarie n'avaient été ainsi montrés. Je ne suis pas près d'oublier le regard de ces bêtes magnifiques, leur souffle, leur agonie, ces rigoles de sang irriguant leur pelage. J'espère qu'un jour "Tardes de soledad" sera vu comme le témoignage d'une tradition révolue, tout en étant persuadé qu'en tant qu’œuvre d'art il sera dans bien longtemps montré dans toutes les cinémathèques du monde.
Rares sont les films qui m'ont mis dans un tel état de schizophrénie : j'aurais pu quitter la salle quinze fois car difficile de ne pas détourner le regard face à une telle boucherie doublée d'un déballage de soi-disant virilité d'un autre temps, mais en même temps c'est d'une beauté et d'une intensité incroyables.
Ah oui un petit mot à ceux qui crachent sur Albert Serra, qui l'accusent de glorifier la corrida, sans connaitre ses motivations ni avoir vu son film : renseignez-vous, écoutez-le (Ce que j'ai fait après la séance afin de juger l'objet pour ce qu'il est et non en fonction de notes d'intention) en parler. Un indice pourrait cependant vous éclairer : Andrés Roca Rey n'aime pas du tout le résultat.