Le plasticien, poète, anarchiste et militant gay Derek Jarman se lance dans la réalisation de son tout premier long-métrage, après s’être essayé à de multiples de courts-métrages et avant de réaliser bon nombre de clips pour différents groupes tels que The Smiths ou Pet Shop Boys.
Avec Sebastiane (1976), il s’inspire de la vie légendaire de Saint Sébastien (un martyr romain) et nous renvoie au IVème siècle après J.C., lorsqu’il était membre de la garde personnelle de l’empereur Dioclétien (et accessoirement, persécuteur des chrétiens). En s’interposant pour empêcher une exécution, ce dernier est dégradé et exilé dans une garnison sur une île, un lieu désertique où l’absence de femmes poussent les hommes à s’adonner à l’homosexualité.
L’originalité du film réside dans le fait qu’il a été intégralement dialogué en latin, c’est même à ce jour, le seul et unique film au monde ! Durant près de 85min, le réalisateur nous entraine au cœur d’un péplum érotique où les hommes sont seuls face à eux-mêmes. Dans la chaleur de l’été méditerranéen, les légionnaires quasi-nus s’adonnent à des jeux et tuent le temps comme ils peuvent.
Cette relecture avec une vision homosexuelle de la vie du martyre fit scandale à sa sortie, dans une Angleterre très conservatrice, on peut aisément le comprendre, vu que le réalisateur se donne un malin plaisir à jouer avec les sous-entendus homoérotiques (des hommes nus qui se battent, se baignent dans la mer, s’adonnent à des plaisirs charnels, …).
Si vous cherchiez un péplum avec un réel travail historique aussi bien au niveau de l’histoire, qu’au niveau des décors et des costumes, vous risquez fort d’être déçu puisque très clairement, cela n’était pas le souci du réalisateur. Une transposition étonnante et surprenante, avec pour cadre, le sud de la Sardaigne. Il en ressort une œuvre expérimentale sur le fond, baignée d’un onirisme certain dans la forme, avec d’excellents acteurs au cœur de décors sublimes.
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