Un film clos qui pense pouvoir s'appuyer de façon satisfaisante sur des représentations iconiques venant d'un autre monde (la peinture en particulier) mais qui ne cherche pas à se raconter, à les raconter solidement, confond mettre en avant et mettre en mouvement, ne prend pas la peine de les rendre vivantes par les moyens propres à l'art qu'il utilise. Un film qui semble vouloir revendiquer une cause juste, sans doute, mais qui n'est pas articulé cinématographiquement, sans structure, sans enchaînements intéressants, sans style : on en arrive même à la vacuité stylistique d'un David Hamilton par moments !!!)
Faute de dissonances, faute d'approche de l'individu même et non à ce qu'elle peut représenter ou défendre, on est à mille lieux de la présence saisissante des visages de Pasolini ou du trouble érotique d'un Satyricon.
Un résultat plat donc, monocorde, réitératif, à l'authenticité douteuse, qui le détache de toute pertinence historique et de toute vérité psychique. Même les bonnes idées faute d'organisation dramatique solide, de pensée cinématographique, s'effilochent (le frisbee, l'homme-léopard). Un monumental problème entre l'émetteur, Jarman, et un destinataire identitaire. Pas de communication à l'autre, ni à l'être et encore moins de conscience de ce manque de communication. Encore moins le besoin d'en chercher une. Il ne fait pas son métier. Posture d'artiste tout au plus et peut-être un peu posture d'artiste queer.
Jarman n'est pas un cinéaste. Dans ses meilleurs moments, il est un peu peintre (The Last of England), mais de ce côté-là, avec Sebastiane, la récolte est maigre et ce n'est pas qu'un problème de moyens financiers. La fin, par exemple, avec son objectif œil-de-poisson et une tension entre champ et contrechamp prouve qu'il était possible avec l'appui étrange et cosmique de la musique de Eno de faire quelque chose de bien supérieur...