En 1970, On l'appelle Trinita créait la surprise en remportant un succès foudroyant. Il donnait au « western fayot » son impulsion et lançait le tandem culte formé par Bud Spencer et Terence Hill. On l'appelle encore Trinita est la suite de cette œuvre de référence dans la mise à sac du prestige d'un genre. Sorti un an après, ce Trinita 2 est une parodie accomplie, à fond et exclusivement dans la déconstruction ou dans le gag benêt et trivial. Le premier Trinita était un attentat pour les puristes, mais il avait une fraîcheur et inventait une espèce de sous-western tirant vers le comics.
Trinita 2 ne persévère dans cette voie que pour se vautrer dans la facilité. Il n'y a plus que des ruines pour contraster avec la gouaille purulente et sans génie. « Maman » la putain est là pour enfoncer le clou et dessiner, plutôt qu'un équivalent italien d'Astérix et Obélix, une sorte de délire sous-Dalton. Le troupier champêtre s'abat sur le Far West avec farts (de bébé) au rendez-vous, les jeux de mots pourris sont abondants. Décousu, peu palpitant, le film flirte avec la médiocrité sans trop se perdre néanmoins ; il reste aimable, grâce à ses paysages, un peu, grâce à ses acteurs surtout, car Hill et surtout Spencer ont du charisme même si le contraire est suggéré.
Néanmoins Trinita 2 n'est jamais qu'un bonus à son prédécesseur, reprenant mollement les éléments de sa configuration (par exemple, le vieux sage pauvre avec une fille attractive), s'éparpillant pour meubler activement un squelette narratif décharné. Il est une parodie mais aussi déjà une autoparodie, souffrant lui-même de cette décompression : les bastons n'ont plus aucun charme, à l'essence du western 'sérieux' ne se substitue que des élans de nanar poli. De la minimisation de la violence et du cynisme, on e à leur dénégation complète, pour finir par une bagarre plate et interminable chez les moines : son ampleur objective est complètement minée par une décontraction devenue fin et moyen. La route vers le discount et la vacuité est ouverte.
https://zogarok.wordpress.com/2016/09/25/les-deux-trinita/