C'est une nouvelle charge venue du nord, un grain exceptionnel pour un vaste exposé photographique, et surtout un drame puissant. Aux convergences picturales répondent les références dogmatiques et dramaturgiques ; car Magnus Von Horn, avec toute l'inspiration qui sied au sujet, fait une "toile" de maître, littéralement.
Projetés dans le Copenhague de 1918, au sortir d'une des plus grandes boucheries de l'Histoire, Magnus propose un petit rattrapage horrifique. Les blessures sont assassines, le couteau remue 35 fois sa plaie, et sur une couche de misère il a été déposé ce qu'il faut d'une affreuse réalité pour découvrir sidéré le plus affreux des faits divers.
Inutile d'en dire plus que n'en fait la bande annonce, nous irons jusqu'au bout de la nuit, sachez le...
Concentrons nous plutôt un bref instant, juste pour faire l'éloge qu'il se doit de ce magnifique film, sur ses qualités artistiques innombrables. D'aucuns jugeront la note salée, le mélange des genres très osé, mais il y a une vrai science et une vraie maîtrise chez Von Horn pour conduire son récit.
Epousons pleinement le regard de la protagoniste principale, Karoline... Et si nous pouvons penser que nous basculons au-delà du réel, si tant est que ce la soit un défaut, ayons la souplesse de penser que la fatigue, la faim, la peine ou les substances artificielles qui la chargent ont accentué le trait.
Le film est intense, une plongée clinique et picturale pourrait-on conclure, et dans un noir et blanc absolument prodigieux, certes esthétisant, mais l'ensemble est diablement fort. Des actrices remarquables pour "couronner" le tout. Décidément, le Danemark relèvera toujours toute tension d'un cran.