Hurry Up, the Credits

Pour commencer, je précise que je suis un gigantesque fan de The Weeknd. Histoire qu'on ne me dise pas que « je ne suis pas la cible ».

Déjà, comment expliquer ce machin. Le long-métrage se voudrait être un prolongement, voire une réinterprétation artistique de l'album sorti il y a quelques mois. Le tout à travers une expérience sensorielle, nous plongeant dans la psyché troublée de son créateur.

Et honnêtement, c'est ionnant sur le papier. Voir l'un des artistes les plus populaires de la planète se dévoiler aussi intimement (au sein d'un star-system pourtant très tabou), exposant un homme sujet à des crises d'angoisses, ou encore à des troubles dépressifs.

Mais là, ça e com-plè-te-ment à côté de son sujet. Et je vous assure que le visionnage était véritablement douloureux. Regarder l'un de mes artistes préférés totalement foirer une proposition très intime, en faisant constamment tous les plus mauvais choix imaginables. Et pire, l'ensemble produit exactement l'inverse de l'effet escompté. Plutôt que de déconstruire le personnage The Weeknd, il dégage une prétention et un égocentrisme, voire carrément un mec antipathique au possible.

Et on va quand même aborder le gros problème du film... à savoir que ce n'est pas un film. Pourquoi avoir marketé ce produit de cette manière ? Si tu veux vraiment faire plaisir aux fans, tu fais quelques séances exceptionnelles, ou tu le mets tout simplement sur YouTube. Ce qu'il avait d'ailleurs fait pour son concert à São Paulo, une vidéo d'1h30 que j'ai regardé des dizaines de fois, et que j'aime profondément. Parce que ça n'avait juste pas de prétention. Mais là, vendre le film comme un film lambda, avec plusieurs séances par jour, et une grosse distribution en , ça veut quand même dire que tu veux également toucher un grand public. Donc tu dois être jugé comme tel. Et donc, bah c'est une catastrophe totale.

Alors oui, je l'entends, il y a une direction artistique assez homogène, et c'est plutôt beau visuellement. Mais bordel, qu'est-ce que c'est superficiel. Je suis désolé, mais foutre du symbolisme absolument partout juste parce que c'est joli, c'est pas possible. Et des idées de cinéma chouettes, qui ne servent en fait aucun propos, bah c'est pas possible non plus. Quand même, en 2025, je pensais que c'était interdit de bouger sa caméra dans tous les sens, avec des flashs partout, pour représenter une soirée arrosée. Ou encore briser un miroir pour signifier, tout en subtilité, que notre personnage est en train de sombrer mentalement.

La cerise sur le gâteau de m*rde étant bien sûr la pseudo-"""narration""" du long-métrage. Qui se voudrait cryptique et mystérieuse, mais qui veut juste en réalité cacher sa pauvreté misérable. D'ailleurs, si vous êtes frustrés parce que vous n'avez pas bien compris ce que raconte le film, c'est tout simplement parce qu'il ne raconte rien du tout. Pareil pour les personnages, avec notamment un Barry Kheogan casté uniquement pour jouer le cliché absolu de l'agent problématique. Sans même parler de l'écriture calamiteuse des dialogues...

Il y a certes une séquence que je sauve, à savoir ce cauchemar éveillé qui bascule un peu dans l'horreur, et qui fonctionne assez bien. Mais qui est immédiatement suivi par, je l'annonce, tout simplement la pire scène de 2025. Une scène interminable dans une chambre, où Jenna Ortega va er 10 minutes à littéralement mettre des musiques de The Weeknd, et les expliquer à haute voix au spectateur. Parce qu'en fait, il y a un contraste, à savoir que ce sont des hits, alors que les paroles témoignent d'un mal-être profond. Mais MERCI The Weeknd. En tant que fan de toi (ou d'ailleurs en tant que n'importe quel mec qui a connecté deux neurones), on sait que c'est ça qui rend ta musique ionnante. Pourquoi tu nous l'expliques comme des demeurés pendant 10 minutes, alors qu'on a payé notre place 15 balles ? Vraiment, sans doute la plus belle représentation de la paralysie du sommeil que j'ai jamais vu en salles.

C'est quand même assez dingue de se dire qu'une promesse de réinterprétation musicale puisse presque réussir à entacher le matériau de base. Et c'est surtout drôle de se dire que le probable meilleur album de 2025 aura donné lieu au probable pire film de 2025.


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