S'inspirant, à grands coups de ballades folks et de plans aériens, des comédies US indépendantes, "Crash Test Aglaé" est l'archétype du film au pitch vendeur. Julie Depardieu et Yolande Moreau en seconds couteaux dans un film où trois techniciennes de crash-test se retrouvent à prendre la route pour l'Inde suite à la délocalisation de leur usine : voilà une histoire qui met l'eau à la bouche et qui semble nous préparer à une bonne tranche de rigolade. Les premières minutes du film confirme l'affaire, ce dernier empruntant la route du feel-good movie aux personnages improbables et aux choses simples du quotidien sublimées et rendues décalées par le regard d'Aglaé, personnage centrale de cette histoire. Centrale car on se rend vite compte que les autres personnages sont là pour cre les thématiques qui lui sont attachées. Car Aglaé se fait l'icône d'une génération perdue entre le désir de construire une vie et celui de cumuler les découvertes et les rencontres. On regrettera de ne pas voir un peu plus ses deux acolytes féminines mais ses dernières sont surtout là pour marquer le fossé générationnel (la volonté d'avoir un chez-soi ordonné pour l'une, l'envie d'avoir des enfants pour l'autre) existant et montrer l'individualisme d'une jeune génération privilégiant ses besoins et sa construction identitaire dans un monde où la norme ne plaît plus. Aglaé se cherche et reste au stade, pendant la quasi-totalité du film, d'un mannequin sans visage, (à l'image de ceux utilisés pour les crash-test) un quidam noyé dans la masse. Au milieu de paysages magnifiques, le voyage initiatique de la jeune femme dilue l'humour dans la mélancolie avec une finesse assez rare. Le film est aussi l'occasion de découvrir (ou re-découvrir), India Hair, actrice remarquable qui porte le film à bout de bras. "Crash Test Aglaé" est le portrait d'une génération aux portes de l'âge adulte, entre perte d'identité dans la société et ses multiples combats et recherche d'un idéal sur terre fait, au final, de multiples bouts de ficelles attachés les uns les autres. On s'amuse quelques fois mais on se prend vite à réfléchir sur le sens des choix qui constituent une vie. Une petite perle d'originalité dans un cinéma français souvent morne et ringard.