Micro Héros - Donjon Parade, tome 10
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Micro Héros - Donjon Parade, tome 10

BD franco-belge de Willy ohm (2025)

Micro héros, maxi poilade !

Des héros miniaturisés, un gigantesque dragon en surpoids, une armée de Petits Bonshommes et … une cuite aux frais du Gardien.


L’intrigue de Micro-héros s’articule autour d’un thème archi-classique de la fantasy : celui du sort de miniaturisation. Car des Voyages extraordinaires de Gulliver (Swift, 1727) à Chérie, j’ai rétréci les gosses (Johnston, 1989), en ant par Les Petits Hommes (Séron, 1972 – 2010) ou Le merveilleux voyage de Nils Holgersson au pays des oies sauvages (Toriumi, 1980), voilà au moins trois cents ans que nous lisons ou visualisons des histoires merveilleuses où les héros ont été rapetissés et se voient confrontés à des obstacles bien au-dessus de leurs dimensions, que ce soit en littérature classique, au cinéma, en bande-dessinée ou même en série animée. Sauf que dans l’imaginaire de Sfar et Trondheim, tout part très vite en sucette, pour aboutir à un album hilarant de bout en bout. En effet, l’album nous montre un Donjon sens dessus dessous, où chacun tente de retrouver Marvin et Herbert, réduits par erreur à une échelle microscopique par Alcibiade, suite à une expérience qui a mal tourné. Et il y a urgence, car un gigantesque dragon situé aux portes du Donjon menace de tout casser si on ne lui présente pas un magicien draconiste. Or, d’après le Gardien, seul Marvin serait capable de se faire er pour le-dit magicien et de berner ainsi l’importun … Vous l’aurez compris, ce postulat déjà délirant à la base sera source d’une ribambelle de gags et situations humoristiques très drôles. Bref, encore une fois, Donjon Parade rime avec poilade !


Parallèlement à cette aventure loufoque à souhait qui s’avère délirante du début à la fin (voir le Gardien, Alcibiade et Horous se la coller en pensant que tout était rentré dans l’ordre alors qu’Herbert et Marvin – toujours miniaturisés – étaient en péril de mort, m’a bien fait rire !), le background de la série s’enrichit légèrement avec le retour inattendu de l’armée des Petits Bonshommes, des créatures que l’on n’avait plus vu dans la série depuis une éternité, puisqu’ils n’étaient présents que dans les seuls Cœur de canard (DZ1) et Le roi de la bagarre (DZ2). Personnellement, j’ai adoré retrouver ces personnages plus qu’anecdotiques et trouvé génial que Sfar et Trondheim les ressortent des oubliettes pour approfondir cette race de monstres, en nous présentant leurs mœurs et leurs pouvoirs, ce qui montre que les auteurs savent exploiter leur univers jusque dans les moindres recoins. Par ailleurs, si les petites allusions à quelques titres parus très récemment (comme la machine à bouillon inventée par Herbert (Le sirop des costauds, DP7) ou l’apparition rapide de Sélina, la maîtresse d’Horous (Nécromancien pour de faux, DP9)) font aussi plaisir, les fans de la première heure ayant de la mémoire se rappelleront peut-être qu’en 2001, les auteurs avaient déclaré vouloir réaliser « une aventure de Donjon se déroulant dans un crachat » et qu’ils avaient même sollicité Killofer pour illustrer cette aventure improbable via un Donjon Monsters, avant de finalement changer leur fusil d’épaule et de partir sur une toute autre idée, en proposant à leur ami Killofer de dessiner Les Profondeurs (DM9), laissant à l’état de projet avorté leur idée de « Donjon dans un crachat ». En voyant dans Micro-héros les versions microscopiques d’Herbert et Marvin patauger dans la morve de Grogro, on ne peut s’empêcher de sourire en constatant qu’avec Sfar et Trondheim, une bonne idée finit toujours par être concrétisée, même quand c’est vingt-quatre ans après ! Un age bien dégueu en soit, mais parfaitement dans l’esprit de la série, truffée de blagues « pipi/caca », qui personnellement m’a bien fait rire.


Pour illustrer cet album, Sfar et Trondheim ont choisi de faire appel à Willy Ohm, dessinateur peu connu du grand public. Un choix qui n’a rien de surprenant, car comme le prouve sa déjantée et hilarante série Bao Battle, Ohm est parfaitement à l’aise avec l’humour débile, les personnages improbables et les ambiances farfelues « à la Docteur Slump », éléments qui caractérisent bien évidemment les albums de Donjon Parade, et cet opus-ci en particulier. Avec son dessin rondouillard hérité du manga, Ohm transforme les personnages emblématiques de la série en personnages Kawaii et représente les principaux décors du Donjon sous un angle inédit. Une représentation graphique osée et déroutante mais tout à fait dans « l’esprit Donjon », série basée sur de nombreuses ruptures graphiques (la fameuse « claque graphique » souhaitée par Sfar et Trondheim, censée faire sortir le lecteur de sa zone de confort en lui faisant découvrir des styles graphiques inhabituels). L’ensemble – simple, original et amusant – est donc fortement appréciable et fait de cet album une nouvelle petite pépite graphique.


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le 18 avr. 2025

Critique lue 82 fois

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