Years and Years
7.7
Years and Years

Série BBC One (2019)

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Peuple Fiction

Years and Years s'ouvre sur un trait de génie : après avoir posé les premières briques d'une anticipation plutôt sage (on est à peine quelques années dans le futur au Royaume-Uni, les enceintes connectées parlent un peu mieux, les migrants et réfugiés ont la vie un peu plus dure, les esprits sont un peu plus détendus avec les sexualités et les genres), Russell T Davies fait brutalement valser le château de cartes : la roue de l'Histoire doit tourner.


Le monde s'embrase, les pays riches vacillent, les acquis d'hier s'évaporent. Au beau milieu de ce nouvel ordre baroque, l'individu, héros comme toujours ? Que dalle. La famille Lyons, comme nous tous à leur place, sont des agers impuissants de ces tragédies. C'est lucide et puissant, c'est la tragédie classique, où Zeus et Poséidon laissent place à la Bourse, la Technologie, et une poignée de Présidents, avec en choryphée le brillant Murray Gold, déjà compagnon de route de Davies sur Doctor Who.


La suite s'essouffle, non sans offrir quelques lectures - certaines assez fines et d'autres moins - sur notre temps : nous animalisons les réfugiés, les plus enclins à laisser les populistes prendre le pouvoir sont certes les pauvres malmenés mais aussi les activistes désabusés, et les parents auront toujours un train de retard pour comprendre la génération d'après. Ça pèche, d'abord parce que la série ne se trouve pas de véritable vocation anticipatrice, préférant se concentrer sur le drame et la comédie familiaux, et sur un miroir tout juste déformant de ce qu'on a déjà - des camps de concentration pour réfugiés, une politicienne finalement copie conforme absolue de Trump.


Et ça pèche, surtout, parce que le propos initial est totalement contredit vers la fin de la série, qui se conclut sur quelque chose qui peut ressembler, au choix, à la vague évocation de l'idée révolutionnaire, ou à un lénifiant grand retour de l'Individu, dans un cours d'éducation civique tout ripoliné. J'ai même entrevu un éloge du Centrisme Raisonnable™. C'est dommage, mais ça n'enlève pas tout à une série qui a su se faire marquante.

9
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le 22 août 2019

Critique lue 380 fois

Manutaust

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