Saison 1 seulement ! (Et pour cause!)
The Leftovers n'est pas vraiment une série sur la "rapture" chrétienne, ni sur les extra-terrestres ou tout autre concept fumeux... Il y est plutôt question de deuil. En effet 2% de la population disparaît soudainement. Les circonstances importent peu d'ailleurs, en dépit des fausses énigmes envoyées ici ou là sur le mode "lostien" : c'est la survivance des endeuillés qui est le réel sujet de la série.
Et c'est là que le bât blesse: on dirait que cette petite ville américaine découvre une évidence :perdre un proche c'est difficile, c'est douloureux... Tous les protagonistes en deviennent un peu cinglés....
Il est vrai qu'on est dans le deuil le plus dur, celui des morts inexplicables, jamais consommées. Il y a aussi du trauma post 9/11 dans ce scénario: l'irruption de la mort soudaine et absurde dans le quotidien de milliers de gens. Seulement au-delà du réalisme tragique de la série (souffrir est infiniment télégénique, semble nous dire Lindelof...) on assiste surtout à ce que la société américaine peut vivre en terme de cultes prêts à siphonner vos douleurs (ici des tarés en blancs qui fument, des gurus exploitant des jeunes filles...), on donne à voir ce que des foules en colère peuvent faire à des femmes et des hommes désarmés mais qui fâchent la communauté: les mêmes fous blancs qui harassent la population se voient lynchés régulièrement. On laisse libre-cours à une religiosité de l’Armageddon au souffle court. Lynchage, torture, tuerie d'animaux, lapidation même, c'est assez nauséeux...
Qui dit deuil dit guérison, un beau sujet s'il en est. Alors où sont les signes de la rémission, après trois ans? Ils sont absents. Absence totale de joie, anxiété, crise religio-sanitaire (merci Marlboro), tout y e... Aucun personnage (à part Théroux et Eccleston) ne manifeste autre chose qu'une éprouvante morosité (même les ados et leurs rites suicidaires). Même lorsqu'il y a des espoirs de rédemption (cette romance entre Theroux et Coon est un véritable et bienvenu soulagement) ,les signes "apocalyptiques" s'accumulent, et les cultistes/pingouins blancs viennent replanter des raisons supplémentaires de retomber dans le malheur. ... Les affligés de Mappletown sont en quelque sorte sommés de se rappeler à jamais de leur douleur, comme le reste du pays, d'ailleurs. Comme si les gens oubliaient leurs proches quand ils sont heureux... Désespérante morale ...
Je mets 4 malgré tout pour la très belle prestation de Justin Théroux, qui est excellent dans son rôle du seul être humain ou presque de cette série. Aussi pour l’étonnante présence de Carie Coon, qui a eu droit à un très bel épisode. Et pour Christopher Eccleston, très bien aussi dans "son" épisode. Le reste du cast jouent des rôles bien trop grotesques pour pouvoir briller... Le scénar n'est pas sans surprises (beaucoup aimé la scène du toaster au début) mais sombre vite dans le sordide...
Sans joie aucune, noir comme un tunnel, emprunt d'une religiosité malsaine, cet OVNI télévisuel n'est pas sans intriguer, mais aucune récompense ne vient alléger la lassitude que cette première saison provoque...