Après le succès immédiat de The Haunting of Hill House, annoncer en guise de deuxième saison une réadaptation du Tour d'Ecrou ne pouvait, de la part d'un gars comme Mike Flanagan, qu'intriguer et exciter, tout cela à la fois.
Une telle annonce portait en effet son lot d'images horrifiques restant en mémoire, d'au-delà menaçant et d'enfants au comportement étrange, de ténèbres insondables.
Même de manière inconsciente, nous rêvions sans doute d'une deuxième saison de Hill House.
Sauf que The Haunting of Bly Manor déroute grandement dans son commencement. Car si la réinterprétation du Tour d'Ecrou se laisse suivre et immerge avec un grand plaisir, on se surprend à penser que Mike Flanagan n'offre guère de surprise ou de rebondissements.
The Haunting of Bly Manor est bon, comme presque toujours quand il s'agit d'une oeuvre de Mike Flanagan. Les relations humaines qu'il met en scène sont toujours aussi délicatement ciselées, mais tout simplement, la peur que l'on a éprouvée il y a deux ans dans The haunting of Hill House se fait quelque peu attendre. Et se manifeste de manière extrêmement fugace : une effigie, une poupée, un bad guy qui s'est fait la malle, des traces de pas ou une lézarde. Il faudra une apparition lente d'un spectre dans le cadre de l'épisode 4 pour secouer quelque peu.
Jusqu'à cet épisode 5 inouï, qui bouscule et qui enterre violemment ce qui ressemble à une plaisante routine, pour exploser littéralement la narration, nous déstabiliser subitement et nous plonger dans une perception temporelle surréaliste, dessinant un véritable univers parallèle suspendu, qui bégaie, qui s'insinue dans les rêves et des événements qui font des sots entre le futur et ce qui nous a été raconté jusqu'ici.
Faisant tout d'abord comprendre que Bly Manor est un piège magnétique duquel on est condamné à ne jamais s'échapper. Le spectateur perd littéralement pied, lui qui était si sûr que cette deuxième saison avait sombré dans une routine un peu timorée...
Avec laquelle on semble a priori renouer par la suite. Jusqu'à un double épisode final qui sonne comme la véritable note d'intention de Mike Flanagan à l'heure de fermer les portes de son nouveau manoir.
Car The Haunting of Bly Manor n'a finalement jamais été envisagé que comme une démarcation totale de The Haunting of Hill House. Et donc infiniment plus casse-gueule que la répétition d'une formule horrifique qui a marqué les esprits, des plans séquences tétanisants ou l'horreur pure convoquée. Et dans une confession, une fois la totalité de l'histoire racontée, on réalise que la petite déception éprouvée à l'origine n'aurait jamais dû exister. Car ... Bly Manor n'est pas une histoire de fantôme, mais une histoire d'amour.
L'histoire racontée la vieille du plus beau jour de la vie d'un couple n'en revêt donc que plus de sens. Tout comme ce que l'on pouvait percevoir comme des éparpillements concentre en fait le coeur de la série, profondément romanesque et poétique. Triste et mélancolique, balançant entre le néant d'un puits de gravité et l'oubli.
De quoi donc, pour les plus déçus, ré-explorer cette nouvelle saison de The Haunting... et, au age, l'interroger dans sa nature, à l'heure où le spectateur bien éduqué réclame du neuf, réclame qu'on le surprenne, en se tenant loin de la répétition ou de la formule toute faite.
Mais le seul véritable défaut de ce ... Bly Manor, même s'il convoque une partie du casting de la première saison, sera de ne jamais susciter la même empathie, le même attachement avec ses personnages, que celui qui faisait se sentir comme un membre de la famille de la famille Crain. Faisant penser que la réussite de The Haunting of Hill House restera, et pour longtemps, indéable.
Behind_the_Mask, dame de l'étang de remplacement.