A l'heure où le monde masculin ne cesse de discourir du corps des femmes, comme si elles n'étaient pas capables d'en disposer elles-mêmes, "La servante écarlate" pousse le discours patriarcal jusqu'à son extrême, pour dévoiler toute son horreur. Cette excellente dystopie qui fonctionne comme une parabole de notre monde, qui lui semble parfaitement extérieure et en même temps absolument possible, se révèle, d'épisode en épisode, parfaitement angoissante, monstrueuse, voire insoutenable... et donc parfaitement réussie. Savamment dosée (entre moments qui révèlent l'univers et moments qui expliquent comment on en est arrivé là), parfaitement interprétée et réalisée, l'adaptation du roman de Margarett Atwood semble pousser la bigoterie jusqu'à son point de bascule, mettant en question à la fois les faiblesses de nos démocraties et la folie des hommes à imposer leurs choix aux autres. Une très grande série... où toute l'horreur repose sur le fait qu'elle pourrait finalement n'être pas si dystopique que cela... Comme si elle utilisait finalement la fiction pour montrer la réalité des rapports sociaux.
Après une première saison d'anthologie, une saison deux assez ratée (chargée d'une violence trop masculiniste et proposant finalement peu d'évolution des personnages), la saison trois prend enfin le partie de poursuivre l'oeuvre originale, revient aux personnages forts, aux allégories transcendantes et aux personnages qui évoluent) : on resigne !