Ready, Set, Love, mini-série thaïlandaise en six épisodes, est un petit OVNI dans le paysage des dramas asiatiques. Déconcertée par la sonorité du thaïlandais, à laquelle il m’a fallu m’habituer, j’ai vite découvert une comédie colorée, drôle en surface mais surtout lucide en profondeur.
Depuis une pandémie (tiens donc, certains auteurs auraient été traumatisés !) la chute des naissances masculines a transformé les hommes en « trésors nationaux » protégés par l’État. Vivant dans un sanctuaire appelé La Ferme, coupés de la réalité, ils sont promis à une femme sélectionnée lors de l’émission télévisée "Ready, Set, Love," organisée tous les quatre ans. Day, jeune femme modeste, est tirée au sort pour la saison 7. Pour soigner sa sœur malade, elle accepte de participer malgré elle à cette compétition où s’affrontent des candidates issues de l’élite sociale et rencontre Son, l’homme le plus convoité du pays.
Le postulat, aussi absurde qu’efficace, évoque une satire du monde des télé-réalités et de la marchandisation des sentiments. Mais Ready, Set, Love ne se contente pas d’un vernis kitsch. é le troisième épisode, la comédie s’efface pour laisser place à une critique sociale plus profonde. La série interroge la manipulation de masse, les inégalités structurelles, les mécanismes d’oppression institutionnalisés, sans oublier des thématiques plus intimes comme la quête identitaire ou la liberté sexuelle.
L’idée brillante de renverser les rôles de genre, non pas pour glorifier les femmes ou les hommes, mais pour pointer du doigt les logiques de domination, peu importe qui les subit. La série évoque un peu Squid Game avec sa mécanique de jeux éliminatoires, tout en détournant les codes du mariage arrangé, du conte de fées ou de la romance moderne pour mieux les questionner. Perso, çà m’a rappelé plutôt Intervilles. Avec ses couleurs saturées, ses costumes kitch et ses décors pop, elle développe une critique sombre de la reproduction sociale : seules les filles de bonne famille peuvent participer à l’émission, sauf Day, qui est une intruse dans ce système verrouillé par le privilège.
Les personnages, tous bien campés malgré le format court ont une vrai et touchante évolution. Day, pétillante et sincère ; Son, faux prince charmant au cœur blessé ; Bovy, influenceuse qui n’a d’yeux que pour Chanel ; Paper, en plein éveil de son homosexualité ; Chanel, tiraillée entre ses sentiments et sa loyauté familiale ; Max, frustré d’être relégué au second plan, mais bien plus intelligent et profond que ses pectoraux ne le laissent croire. Même les figures secondaires comme Valentine ou May ajoutent de l’humanité à l’intrigue.
Mon regret : avec un ou deux épisodes de plus, certaines situations auraient gagné en clarté. La série ne s'embarrasse pas de détails dans la profondeur de l'intrigue et j'ai trouvé çà un peu dommage, le scénario aurait mérité d'être construit différemment. Mais elle parvient néanmoins à tisser une réflexion pertinente sur la liberté individuelle, la norme sociale et la résistance collective tout en nous divertissant. En tout cas, j'ai été agréablement surprise.