Industry
6.7
Industry

Série HBO (2020)

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HBO ne meurs jamais

A voir les critiques, j'ai l'impression de ne pas avoir vu la même série que les autres... Je pense que Industry s'insère dans une lignée très particulière de séries très réalistes que (presque) seule HBO est capable de concocter. Certes, le milieu de la finance est un peu opaque pour les profanes, mais encore une fois il faut comprendre que la force d'une série comme celle ci et le degré de réalisme se joue également dans ce qu'on ne comprend pas, et ce qu'on peut apprendre d'un milieu qu'on ne connaît pas. Contrairement à certaines séries qui se déroulent dans un milieu de travail où le travail n'est jamais mentionné, oui; ici on parle de finance. A cela s'ajoute le côté humain, cruel, changeant, profond, de tous les personnages, ça c'est bien quelque chose que n'importe quel spectateur peut comprendre, et je suis assez étonnée que la série soit qualifiée de "trash" sous prétexte d'un rail de cocaïne ou d'une scène explicite... c'est une série Home Box Office, pas Netflix ou TF1 en prime time: bien évidemment que la série est crue, au même titre que la vie de tous les jours, n'est ce pas?

Rappelons que la chaîne HBO a historiquement eu pour cible des spectateurs de classe sociales qui travaillent, et apprécie donc de prendre en compte les spécificités de chaque métiers en évitant les banalisations (les fossoyeurs de Six Feet Under par exemple pour ne citer qu'eux) et n'a jamais fait autre chose que donner à voir de manière précise et détaillée tous les éléments qui constituent les sujets de ces séries (les épisodes qui expliquent le système criminel et carcéral en long en large et en travers dans The Wire et Oz, la plongée dans le milieu de la production musicale dans Vinyl, les détails absolument pas abrégés des systèmes de pouvoir de Boardwalk Empire etc etc....) Industry n'a donc aucune raison d'être en reste et de simplifier ce qui ne devrait pas l'être. De même pour les scènes de sexes, elles ne desservent pas le propos puisqu'il s'agit aussi d'une lutte de pouvoir au sein d'une entreprise, et que l'argent comme le sexe font partie de ces schémas de domination qu'on peut difficilement er sous silence, même si cela choque la ménagère habituée à M6 et aux scènes censurées.


Je trouve que les saisons sont montées en intensité jusqu'au point culminant du dernier épisode de la saison 3. Pour moi il n'y a rien à dire de plus, c'est ce que HBO a toujours fait de mieux, le tensiomètre au plafond, on retient son souffle à chaque instant, on se prend à aimer des personnages qu'on aurait pourtant tendance à détester dans la vraie vie, on regarde avec une perspective nouvelle un milieu qu'on ne connait pas si bien que ça, et on tire ses propres conclusions. Juger le sujet sous prétexte d'anti capitalisme mal placé et d'un malaise pour des fesses filmées en close up, c'est rater une occasion de voir sous une perspective neuve et intéressante (qui fait du bien depuis Succession) une série qui explique pourtant clairement les tenants et les aboutissant du système dans lequel on vit. D'autant que les scénaristes racontent leur propres expériences en tant qu'anciens agents financiers! et qu'il y a un véritable constat du monde des corporations, du matérialisme, du féminisme (if ou actif) de la culture d'entreprise, du age de la tradition à la modernité, de la lutte des classes... Les jeunes adultes que sont les personnages principaux (Harper, Yasmine, Robert etc..) naviguent dans les grandes compagnies et on peut y voir une métaphore sur la façon dont ils naviguent dans la vie. C'est fin, drôle parfois pas très subtil mais à raison, ca ne manque jamais de réalisme et on se sent privilégié d'assister à ce grand bordel qui semble n'être qu'une variation de thème autour de l'argent mais qui en vérité est beaucoup plus pertinent que ça.


Bref. Je e sur tous les autres éléments qui constituent la série parce qu'il me faudrait des lignes et des lignes pour encenser et disserter sur ce qui selon moi est le triomphe d'un vestige de la série télévisée qualitative qui se maintient contre Netflix, vents et marées. Industry est ionnante haletante et j'écrit cette review humblement, dans l'unique but d'encourager quiconque aime voir ce qui se fait de mieux en terme de série à ne pas se faire une idée définie selon les critiques que j'ai vues ailleurs et qui ne sont pas méritées.

Regardez, et appreciez.

10
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le 6 oct. 2024

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Sledgehammer

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