NBC avait l’ambition de ressusciter le comte légendaire dans une version élégante et contemporaine, mêlant esthétique victorienne, romance tragique et thriller politique. Le résultat ? Un projet intriguant sur le papier, mais qui peine à convaincre sur la durée.
Dès le départ, la série affiche une volonté claire de se démarquer. Ici, Dracula n’est plus seulement un prédateur nocturne : il devient un industriel visionnaire, manipulateur de l’ombre en quête de vengeance contre une société secrète. Ce repositionnement du mythe est audacieux, et je reconnais avoir été séduit par l’idée. On sent une vraie recherche esthétique : costumes somptueux, décors raffinés, ambiance sombre bien maîtrisée… l’enveloppe est séduisante.
Mais très vite, les limites du projet apparaissent. L’intrigue, trop ambitieuse pour son propre bien, s’enlise dans des sous-intrigues qui diluent l’impact du récit principal. La série veut dire beaucoup, trop peut-être : entre guerre énergétique, tensions sociales, conspiration et romance tragique, le fil rouge se perd, et avec lui notre implication émotionnelle. On regarde sans vraiment vibrer.
Jonathan Rhys Meyers livre une prestation habitée, mais souvent trop monolithique. Son Dracula est intense, presque magnétique par moments, mais il manque de variations, de subtilité. On sent le potentiel, mais il reste en surface. À l’inverse, certains rôles secondaires apportent un peu plus de texture – Lady Jayne notamment, qui réussit à captiver malgré un traitement parfois stéréotypé.
En tant que spectateur, j’ai oscillé entre intérêt et frustration. J’ai apprécié l’effort de proposer une lecture originale du mythe, j’ai trouvé certaines scènes visuellement marquantes, et j’ai même été touché par quelques instants de mélancolie bien amenés. Mais l’ensemble manque de souffle. Il y a une certaine froideur qui empêche l’attachement, une distance qui empêche l’enthousiasme.
Avec un peu plus de rigueur dans l’écriture et de consistance dans le ton, cette relecture de Dracula aurait pu briller. Au lieu de cela, elle laisse l’impression d’un beau projet inabouti, captivant par moments mais trop souvent désincarné.