Mehdi n

J'ai aimé le docu sur DJ Mehdi, mais il met aussi en lumière des aspects assez crades (validation bourgeois blancs si tu veux er de l'autre côté du sample etc.) sans vraiment les souligner.

Ce docu est avant tout produit car il fait attention d'épargner les bourgeois dedans. J'ai détesté le dernier épisode.*

Pour en revenir à Mehdi. À notre époque, marquée par la perte de l'attention en raison de la quantité de stimuli liés à internet, à la sédentarisation, et à l'accès immédiat à une multitude de choses "gratuites", nous avons oublié qu'il n'y a pas si longtemps, en particulier les enfants, faisaient des choses créatives chronophages, simplement parce qu'ils en avaient la possibilité, le temps, voir le désœuvrement, et la patience à consacrer au nonsense.

DJ Mehdi en était un de ceux-là, sauf qu'au lieu de finir avec une fiche sur Copain d'Avant, ou d'être juste musicien, on parle de lui en 6 épisodes sur Arte. Pas parce qu'il était vendu, pour une fois, mais parce que les planètes étaient alignés et les adultes autour ne l'ont pas contenu ou brisé. Je pense sincèrement qu'il y avait plein de Mehdi à cette époque, mais peu ont eu l'alignement des planètes nécessaire pour devenir DJ Mehdi. Pourquoi un gamin, un peu nerd, qui a du temps et des ions, se met à créer des choses ? Parce qu'il le peut, c'est la beauté intrinsèque de notre humanité.

Les connards super bien nés de la French Touch, n'ont même pas eu besoin d'équation favorable en terme de chance. Mais ils en étaient également de ces gamins là, sauf qu'ils avaient tout et à l'arrivée; qui fait la pluie et le beau temps quand il y a un palier à er ?

Je repense aux propos des blancs de la "French Touch" dans le docu sur DJ Mehdi, c'est incroyable. Non seulement ils s'approprient des succès qui ne sont pas les leurs, mais en plus, ils croient que vendre des disques fait d'eux les propriétaires du moindre son electro ailleurs en . Tocards.

Qd ils "volent" la musique noire électro de Detroit ou la house noire de Chicago, pour se faire appeler par ce truc claqué au sol "French Touch" là, on les glorifie comme des génies, parce des blancs. La "French Touch" représente une forme pure de jouissance capitaliste appliquée à la musique. On prend des influences noires, on les rend luxueuses, et on excite le public blanc avec une version d'hédonisme qu'on imagine moins sale que la techno.

(Aussi parce qu'elle est plus bourgeoise/éduquée et plus hétéro, mais bon ons.)

PS : je dis ça alors que j'aime certain de leurs disques, mais faut resituer un peu, le melon de ces faiseurs et surtout à quoi ils participent.

*Ce qui ressort clairement dans l'épisode 6 de DJ Mehdi, c'est que la musique, et plus largement l'art, ne résout rien en soi. Il était "blanc compatible" et a fait un choix d'émancipation politique qui peut être critiqué, mais qu'on ne peut pas vraiment blâmer; Il a choisi la musique, et comme je le disais plus tôt, cela ne résout rien au fond.

C'est frappant de constater que pour DJ Mehdi, l'importance de "faire un tube" n'a émergé qu'après avoir fréquenté les cercles bourgeois.

Comme si tout ce qu'il avait accompli auparavant, y compris ses disques d'or en tant que producer rap, devenait soudain insignifiant dès qu'il a changé de milieu social pour fréquenter ceux qui vont à NYC juste pour pisser.

Es-ce que DJ Mehdi est un [rassembleur] comme le conclu, le cœur chaud sa mère, lors du documentaire ? Non, chaque groupe est resté de son côté et lui il a fait le choix, on ne peut pas le blâmer, d'embrasser l'utopie réalisé de vie d'artiste et de "citoyen du monde".

Ce qui est génial, au milieu de l'hagiographie (bien que là elle relativement able)

c'est le nombre d'images d'archive vidéo, la quantité/qualité est folle.

C'est un bon documentaire, car il m'a beaucoup fait réfléchir, avec une richesse d'archives et une fraîcheur dans le contenu (pas les blancs). C'est aussi un objet qui va massivement être mal interprété par beaucoup, car la musique est vraiment le domaine culturel où le public a une perception totalement biaisée de tout (et on les aide à). Comme si la sociologie devenait tabou dès qu'on parle de Musique.

Que ça soit lui qui meurt, et ainsi, c'est la vie qui se fout de ta gueule.