Je n'ai jamais donné dix à un film ou un doc sur ce site, mais là, vu le sujet, je le fais.
J'ai été comme beaucoup fan absolu de Noir Des'. Quand ce drame a éclaté, je me suis dit à propos de Cantat : "pas lui, pas ça". Et pendant longtemps j'ai pensé que Marie Trintignant, tout de même, elle était pas facile... Et puis quand l'album de Détroit est sorti, j'ai dit que l'homme avait purgé sa peine, et que l'artiste avait le droit d'exister. Aveuglé par la déception d'avoir perdu le son qui donnait une texture à mes émotions les plus vives, j'ai nié les évidences, je n'ai pas remis en cause la pensée masculiniste de l'époque.
Puis j'ai commencé à me dire que tout de même, tout ça puait vachement quand même. Le grand cri de colère féministe a remis en cause ma façon de penser et de vivre. Et ce soir, devant les images de l'audition de Vilnius que je n'avais jamais vues, de voir cet homme mentir, pleurnicher, puis manipuler ceux en charge de l'instruction, je n'ai ressenti que du dégoût. Surtout après avoir vu les images du rapport d'autopsie. Ce n'est pas un crime ionnel, c'est juste un crime de haine, celui d'un petit bonhomme bousculé dans sa petite virilité par un simple SMS. Ca porte un nom : féminicide. Et ce documentaire est implacable. Encore plus quand le suicide de Kristina Rady est évoqué. Cantat est un homme toxique. Mais un homme courtisé par des proches qui n'ont pas eu le courage de donner l'alarme malgré d'autres faits avérés de violence. Ceux-là aussi sont coupables.
Deux témoignages sont particulièrement touchants, courageux et sincères, y compris dans la colère, voire la haine, compréhensible. Celui de Lio qui a été la seule à dire ce qu'il fallait entendre, et celui de Richard Kolinka, froid et direct, capable d'énoncer clairement qu'il aurait pu tuer Cantat...
Ce doc va forcément raviver les débats, mais j'espère qu'il ouvrira les yeux aux derniers réfractaires. Non la gloire et le génie ne modèrent rien. Cantat est un assassin, pas un meurtrier, un assassin. Et il n'a vraiment pas cher payé aux yeux de la justice humaine...