« Rien n’est plus fort que la sororité ». C’est sur ces mots que débute le premier épisode de Charmed. Une phrase d’introduction qui sert à pointer que la série prônera une forme de solidarité féminine. Sommes toute logique pour qui aurait connaissance de Charmed, qui met en scène trois sœurs catapultées sorcières chargées de défendre le monde contre les forces du mal après la mort de leur mère. En 2018, ces dernières se nomment Mel, Maggie et Macy. Si dans l’ensemble leurs interprètes s’en sortent plutôt bien, offrant au show une légèreté appréciable, elles doivent malheureusement faire avec une part scénaristique aussi grossière que ringarde.
Grossière, oui. Et ce n’est pourtant pas faute de vouloir suivre les thématiques féministes du moment. Mais à les rabâcher sans aucune subtilité, le discours perdrait presque de sa portée. Posters de Time’s Up, manifestation contre la réintégration d’un professeur de faculté accusé de harcèlement sexuel, ou rappel des bases du consentement à chaque couple qui se bécote, difficile de ne pas capter le message que veut faire er la créatrice Jennie Snyder Urman. Et il en va de même dans la caractérisation des personnages, principaux comme secondaires. On assiste d’abord à la présentation de l’aînée, Mel, mature et engagée, à la limite du cliché féministe. De même qu’avec Maggie, décidée à entrer dans la sororité de son université, on a là tous les stéréotypes des groupes étudiants aux Etats-Unis. Pas de demi-mesure, les filles de Kappa sont limitées à être de jolies potiches peu intéressantes, bien moins glorieuse que les trois sœurs supposées incarner la norme à suivre. Finalement, seule Macy s’en sort plutôt bien.
Charmed se voudrait dans l’ère du temps. Elle en a bien l’intention, mais le produit qu’elle tente de rebooter est à l’évidence bien trop daté. Déjà au début des années 2000, Charmed était vieillot, avec ses histoires de démons et des pseudo-enquêtes à résoudre pour le trio, tout en essayant de se construire une vie « normale ». Loin du niveau de Buffy contre les vampires, Charmed avait, il faut l’ettre, une réalisation d’ensemble assez risible. Ce Charmed 2018, en restant trop premier degré, n’échappe pas au même constat. Entre une horde de corbeaux qui fracasse une fenêtre, un adolescent possédé par une créature et un démon semblable à un mauvais cosplay de Marcheurs Blancs (Game of Thrones), le ridicule fait mal.
Alors, même sans attendre grand-chose de Charmed, il y a de la déception. Jennie Snyder Urman pense moderniser un objet « culte », mais au final elle ne fait que poursuivre la même ligne directrice, plus de dix ans après la fin des sœurs Halliwell. Féministe, ouverte à la communauté LGBT, en adéquation avec les questions sociales du moment… Charmed a bien coché toutes les cases pour s’assurer une bonne image. Jusque-là, CW n’avait pourtant pas besoin de cela pour s’adresser aux jeunes. Mais avec ce premier épisode de la série, la chaîne e pour ce parent lourd qui tente de rester à la page en parlant « jeun’s » à ses adolescents. Le genre de situation triste, gênante, parfois même pathétique. Là aussi, les cases ont bien été cochées.
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