Astérix & Obélix : Le Combat des chefs
7.3
Astérix & Obélix : Le Combat des chefs

Dessin animé (cartoons) Netflix (2025)

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Sympa mais a du mal à tenir les quatre rounds

Alain Chabat revient à Astérix, pour retrouver la magie de Mission Cléopâtre ou simplement remettre un pied dans cet univers, qui sait ? Sans être fan, j’ai le rapport plutôt averti de beaucoup de français à Astérix : j’ai lu pas mal d’albums, vu les séries animées et la plupart des films… J’avais bien aimé les films d’Astier, qui ont un humour plus cérébral mais qui restent assez cohérents avec l’esprit de la BD. Et bien sûr, Mission Cléopâtre, je l’avais adoré à sa sortie mais qui a un peu vieilli selon moi — il fait moins rire aujourd’hui. Si Chabat n’est pas, pour moi, le seul à pouvoir "réussir" du Astérix, son humour ultra-référencé s’adapte très bien à celui du matériau original.

Il choisit ici Le Combat des chefs, et en fait une mini-série en quatre épisodes. L’histoire reste fidèle à l’original : les Romains veulent s’emparer du village gaulois en exploitant une vieille règle du duel entre chefs, et pour maximiser leurs chances, en éliminant temporairement Panoramix. L’adaptation reste globalement respectueuse, avec quelques ajustements scénaristiques. Ainsi, le premier épisode par exemple revient sur l’enfance d’Astérix et Obélix, les racines de leur amitié et sur la fameuse chute dans la marmite. Mais honnêtement, je pense que le format série est un peu un faux ami. L’histoire n’est pas si complexe que ça, et certains ages (comme l’élection d’Obélix ou les deux commentateurs sportifs) n’apportent pas grand-chose. Là où la série se perd un peu, c’est dans son dernier épisode, qui part davantage sur de l’action. Je l’ai trouvé moins soigné, moins fluide, avec quelques incohérences visuelles (la falaise qui surgit, les distances géographiques étranges…). On sent un petit relâchement. En trois épisodes ou en film d’1h30, ça aurait sans doute été plus rythmé.

De la même manière, la modernisation et la féminisation de certains rôles sont bienvenues, même si parfois un peu bancales. Quand un personnage n’est pas bien écrit, il ne suffit pas de le rendre féminin pour le rendre intéressant. Metadata, l’instigatrice de l’intrigue, n’est plus un soldat romain mais une jeune romaine au style anachronique, vaguement pacifiste, et dont les motivations restent assez floues. À l’inverse, la nouvelle version de la guérisseuse allemande qui soigne Panoramix fonctionne mieux avec son ton décalé assez chouette, sans dénaturer son rôle dans l’histoire. Et j’ai trouvé l’ajout de la mère de César très réussi : elle ne fait pas juste de la figuration, elle apporte une nouvelle dynamique très drôle au personnage de son fils.

Et puis bien sûr, il y a l’humour Chabat. Qui fonctionne toujours un peu… mais qui tombe vite dans le fan service. Le genre de blague qu’on commente après coup : "ah t’as vu, la référence !" — et qui fait sourire sans vraiment surprendre. Entendons nous bien, Chabat est excellent dans l’humour parlé qui joue avec les mots. "homard et fraise", le "général de Gaulle", "Sucettalanis" : C’est dans ce genre d’absurde bien placé, dans le jeu de mots improbable mais parfaitement dosé, que l’écriture de Chabat fonctionne ; à l’instar d’Itineris et de la logorrhée d’Edouard Baer dans Mission Cléopâtre. Parce qu’on ne les voit pas venir. Parce qu’elles s’intègrent bien à la scène. Parce qu’elles jouent sur une vraie complicité avec le spectateur. Mais le clin d’œil aux Avengers dans le dernier épisode est à l’opposé du spectre l’exemple le plus paresseux. Ce n’est même pas gênant, c’est juste qu’on l’a déjà vu cent fois. Ici, on sent une volonté d’être plus universel, peut-être sous influence Netflix, avec des choses que tout le monde connait, mais qui ne surprennent plus trop. Ce type d’humour « pop-culture » qui va en grandissant au fil des épisodes se fait au détriment de l’identité propre de la série.

Enfin, qui dit sérié animé dit animation. Là aussi, c’est bien lais en deçà de ce qu’on pourrait espérer. La série arrive à puiser dans la grande créativité des BD originelles, en jouant sur le style cartoon et en surfant sur la mode des medias mixtes (comme le age éclair en crayonné). Mais on n’est pas aussi bon que sur les films d’Astier, ni aussi inventifs que sur d’autres productions films ou séries récentes. Pour moi, c’ets plus un manque de liberté qu’un manque de moyen, malgré une série en toute somme de bonne facture. Autre point décevant, le doublage. A force de vouloir convoquer ses amis et le gratin français, on perd parfois en caractérisation ; l’exemple le plus flagrant est Abraracourcix, dont la carrure n’est pas ée par la voix claire de Grégoire Ludig.

En résumé, c’est une série pour les nostalgiques d’Astérix, où rien ne change dans les banquets gaulois, pas désagréable mais qui manque parfois d’audace. Trop longue pour ce qu’elle raconte, trop lisse dans son fan service, elle finit par perdre un peu de sa propre voix. Et c’est peut-être ça, le plus dommage.

6
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le 11 mai 2025

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Alice Perron

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