Il y a parfois des livres qu'on rate de peu.
On tient une histoire plutôt cool, rien de magique, rien de grandiose, mais cette idée de huis clos, entre une femme afghane et son mari dans le coma, blessé par balle pendant un combat tient carrément la route. Le contexte est fort et c'est ce qui lui vaut son prix Goncourt - les mauvaises langues ajouteront que c'est qu'une histoire de maisons d'édition mais qu'importe - et c'est tout.
- Comment ça c'est tout ?
- Bah ouais, c'est tout, parce que je suis gentil, sinon je suis obligé de parler du style catastrophique ; tu verrais les effets qu'il se permet, on dirait un blog ; enfin, sur un blog ça fait sourire, parce que c'est pour de faux, parce que tu sais que "maux" et "mots" c'est tellement devenu cliché que tu vas pas le mettre dans ton livre, si ? Et il fait ça tout le temps.
- Mais il y a quand même des super idées, non ?
- Grave, il y a comme une nouvelle au milieu du livre - genre le Grand Inquisiteur, tu vois ? - cette histoire de reine qui s'enfuit avec sa fille et se lance dans une guerre contre son mari, et toutes les reflexions autour de la justice, de la loi, ça c'était vraiment bien. Et puis, il y a ce garçon qui se pointe, et ce souci d'être choquant, de mettre du cul n'importe comment, qu'elle se touche en regardant un corps moitié mort, et puis ces délires avec des mouches, et des araignées ; il se perd le mec qui écrit ça, il mêle sans pitié le meilleur et le pire. C'est dur de lire ça sans sourciller, et beaucoup trop souvent.
- Donc six ?
- Ouais, c'était ça, ou cinq. Mais bon, soyons cool. C'est l'histoire d'une femme afghane, imagine comment je e pour le pire des fachos rétrogrades si je dis du mal de cette grande oeuvre émancipatrice et courageuse.
- Ironise pas là dessus, ça craint.
- On voit terriblement que c'est écrit par un mec qui veut choquer. Ca me gène quand même.