Pas sûr que cette note exprime réellement mon ressenti. Il faut dire que, par définition, une pièce de théâtre doit se vivre sur scène, se contenter de la lire n'étant jamais le meilleur moyen pour se faire une idée précise, qui plus est pour une pièce comme celle-ci. On est aussi en droit de la trouver appuyée, excessive, notamment dans ses dialogues, ses situations frôlant à plusieurs reprises l'outrance.
N'empêche, la profondeur du propos (au point de s'y perdre, parfois), cette mise en abyme constante permet à Luigi Pirandello de jeter un réel trouble sur le spectateur/lecteur, interpellé par cette réflexion sur la créativité, le sens de la vie, de l'art, posant un regard très sévère sur l'humain tout en gardant un semblant d'espoir.
Très psychologique, s'appuyant aussi bien sur des situations qu'une écriture provoquant régulièrement le malaise, le dramaturge fait ainsi son effet, joue sur l'ambiguïté des protagonistes, s'interroge sur la place et l'existence des « personnages » dans le monde réel : si on peut ne pas être sensible au style « appuyé » de l'italien, nul doute que son propos, lui, raisonnera longuement après la fin de la lecture. Une œuvre ne laissant pas indifférent, c'est là l'essentiel.