Moins de 80 pages en gros caractères parsemées de quelques anecdotes et une dénonciation un rien puérile en toute fin du livre, voilà de quoi rester sur sa faim pour le lecteur que le titre avait attiré.
Hollande, Valls, El Khomri, Hirsch, Sarkozy, Macron, Bertrand et Chirac, ce sont eux "qui se sont succédé pour te détruire". C'est ainsi qu'Edouard Louis s'adresse à son père en désignant ceux qui n'ont certes pas facilité par leurs décisions la vie des plus humbles des Français mais qui ne sont pour rien dans certains choix de vie de leurs concitoyens. Tel ce souhait d'abandonner l'école le plus vite possible, une "question de masculinité" pour le père pour qui se soumettre aux règles de l'école, c'était "se comporter comme une fille, être un pédé".
Alors, qui des politiques ou de cette "obsession de la masculinité" porte le plus de responsabilités dans la déchéance du père ? Malgré la diatribe violente de la fin à l'encontre du personnel politique, l'auteur ne nie pas pour autant que la mentalité dominante dans le monde où vivait son père l'a condamné à la pauvreté et à le "priver d'une autre vie". De là l'étrange égalité qui suit : "Haine de l'homosexualité = pauvreté".
Edouard Louis a beau citer çà et là Peter Handke ou Jean-Paul Sartre, l'ensemble manque de profondeur et le bien fondé de sa défense des humbles ne saurait faire de cet opuscule un livre de référence.