Pierre, Anne et leurs deux « bestiaux » ont tout pour être heureux. De l’amour, de l’humour et du travail. Alors ce n’est pas un pet de travers qui va venir ternir l’ambiance festive des vacances et les empêcher de profiter du moindre tunnel pour éructer leurs répertoires de gros mots. Et pourtant, il faudra affronter la réalité et redescendre de leur nuage : Anne est malade, très malade et malgré son courage et sa détermination, le crabe sera vainqueur, on le sait dès le départ. Mais Pierre a en tête de faire payer tout ceux qui l’ont un peu plus enfoncé dans son malheur, que ce soit l’oncologue incompétent, ou son supérieur qui l’a viré pour faute grave mais a dû le réintégrer sur injonction des Prud’hommes.
C’est une performance littéraire et un raz de marée émotionnel. Frédéric Ploussard m’a fait er du rire aux larmes pour à nouveau sourire voire rire aux éclats. La truculence et l’ingéniosité de Pierre pour régler ses comptes est remarquable. Attention, il n’y a pas ici de diatribe contre le corps médical : le personnage ciblé a accumulé les bourdes de communication, si importante sans ces situations désespérées. D’ailleurs, hormis ce personnage que l’on aimerait caricatural, les propos au sujet des autres acteurs de la vie hospitalière, dont fait partie Anne, sont très positifs.
On adore le personnage principal, pour son opiniatreté, malgré le malheur qui ne cesse de l’accabler.
Au delà de la qualité d’écriture, le récit semble bien ne pas avoir été inventé de toute pièce. Certains ages ne peuvent être uniquement le fruit de l’imagination de l’auteur. Il y a du vécu derrière ces lignes. Et c’en est d’autant plus émouvant.
La construction propose une déstructuration de la chronologie, dans une logique de narration qui allège la dimension dramatique de cette histoire, permettant d’alterner les moments légers ou drôles et les difficiles étapes qui vous font venir les larmes aux yeux.
J’ai adoré ce roman, qui allie humanité et humour grinçant, et qui ne craint pas de mêler la farce et le tragique.