Beaucoup plus qu’une saga familiale, ce roman trace trois cents ans de descendances dont les destinées sont essentiellement conditionnées par l’Histoire. Parce qu’il s’agit du peuple africain, il y a la puissance et l’obscurantisme des familles et des croyances, il y a la violence de l’esclavage, il y a la ségrégation raciale… A chaque chapitre, on voit le gros travail documentaire autour de chaque environnement et chaque époque. On réalise qu’il y avait des responsabilités partagées dans l’existence de l’esclavage – les africains eux-mêmes participaient au kidnapping et à la vente de leurs semblables –, on se rend compte que les lois de ségrégation raciale ont persisté aux Etats-Unis jusqu’au milieu du 20ème siècle…
« No home » parle bien sûr d’errance et d’identité. Chaque protagoniste a sa part de tragédie et de résilience. Pourtant, c’est un roman dense qui se lit avec une certaine légèreté. Les destins mêmes dramatiques sont aussi voulus comme des exemples de choix positifs, et l’Histoire se lit dans le sens de la réparation et de l’émancipation.