"On ne fait plus d'hommes comme maître Yehudi, et on ne fait plus non plus de gamins comme moi : stupides, susceptibles, cabochards. Nous vivions autrefois dans un monde différent, et ce que le maître et moi avons fait ensemble ne serait plus possible de nos jours. Les gens ne le toléreraient pas. Ils appelleraient les flics, ils écriraient à leur député, ils consulteraient leur médecin de famille. Nous ne sommes plus aussi coriaces que nous l'étions, et peut-être le monde est-il devenu plus habitable, je ne sais pas. Mais je sais qu'on n'a rien pour rien, et que plus ce qu'on désire est grand, plus il faut payer pour l'avoir."
Cette phrase pratiquement la dernière du roman de Paul Auster, me semble parfaite pour donner une toute petite idée de ce que l'on va lire en ouvrant "Mr vertigo".
Ce conte pour adultes nous transporte dans l'Amérique de l'avant-crise de 1929, d'un monde qui n'existe plus depuis longtemps mais que l'auteur a su nous décrire avec beaucoup de violence et de tendresse à la fois.
On s'attache aux personnages et le roman refermé, on y pense encore et encore.
Voler comme un oiseau, l'âme libérée et légère reste un rêve inaccessible pour l'homme et c'est tant mieux...
Mais la magie n'est pas morte, Paul Auster nous l'explique avec beaucoup de gentillesse.
"On ferme les yeux; on écarte les bras; on se laisse évaporer.
Et alors, petit à petit, on s'élève.
Comme ça."