Zelazny est un fameux styliste des contes et légendes du monde entier. Il s'attaque ici au champ chinois. Son roman n'est pas sans saveurs ni inventivité. On est loin cependant du baroque d'Ambre ou de la démesure des royaumes d'ombre te de lumière. L'intrigue, si elle est bien troussée, a l'ampleur de celles qu'on trouverait à une novella et ma laisse sur ma faim. En matière de trahison, je suis sans doute plus habitué aux intrigues retorses des puissants de Dune ou d'Ender. Si l'imaginaire surprend, comme toujours chez cet auteur, les ficelles restent un brin trop visibles et attendues. Certes, pour une fois l'intrigue amoureuse n'est pas sans résonance avec le propos - mais évoque la bluette, mignonette au demeurant, plus que l'intrigue. Et la découverte d'un monde des démons, au fond fort proche de celui des humains, ne m'a pas laissé de ces impressions fortes qu'on peut ressentir à la proximité d'une altérité marqué.
Au final, les péripéties de cet attachant (mais pas très finaud) démon ne sont pas déplaisantes - mais auraient pu tenir en moins de pages. Que le style en première personne évoque le journal intime n'y change rien : il est des diaristes ionnants, il en est de subtilement ennuyeux - et je me suis souvent surpris à désirer moins de lignes et plus de concision.