À la fin du roman La Machine à explorer le temps de H. G. Wells, le Voyageur du temps se prépare à repartir vers l’avenir pour arracher Weena des griffes des terribles Morlocks. À sa grande surprise, le Voyageur découvre un futur différent de celui de sa première exploration. Il sera alors pris dans un tourbillon d’univers parallèles, jusqu’aux confins de l’Histoire…


Les Vaisseaux du temps, qui célèbre le centenaire du célèbre roman de Wells, est donc avant tout un hommage et un exercice de style écrit à la manière des romans scientifique de la fin du XIXe siècle, ce qui implique une certaine lourdeur. Le subjonctif règne en maître, et l’action s’englue souvent dans des descriptions kilométriques. Au-delà du style, nous suivons un héros qui, confronté à des univers fantastiques, ne comprend jamais rien à ce qui lui arrive ni au monde qui l’entoure, et traverse les millénaires en conservant toujours ses réactions d’homme blanc du XIXe siècle. Et quand enfin ses croyances et ses repères culturels sont légèrement remis en question par l’évolution des moeurs et des techniques dont il est témoin, ça le bouleverse tellement qu’il en parle longuement, sans que ça change réellement quoi que ce soit à sa vision des choses. Ses indignations font un peu pitié, ses colères sont puériles, et on se dit qu’on a rarement vu un héros aussi peu attachant.


Bien sûr, Stephen Baxter ne se limite pas à une pâle imitation du roman de Wells. Il va beaucoup plus loin dans les conséquences du voyage dans le temps, et joue beaucoup avec les boucles temporelles et les univers parallèles. Même en ant sur les incohérences et les invraisemblances, sur les ellipses et les raccourcis, les propositions de l’auteur sur l’évolution des sociétés humaines sont au mieux bizarroïdes, au pire sans intérêt, souvent pleines de contradictions et dénuées de toute cohérence interne. Cet aspect renvoie également aux romans du XIXe siècle, où les sociétés futuristes sont souvent vues par le petit bout de la lorgnette, comme si une seule de leurs multiples facettes avait évolué en laissant toutes les autres intactes et figées. Problème : nous ne sommes plus en 1895.


Il faut toutefois préciser, par honnêteté, que l’écrasante majorité des critiques a encensé Les Vaisseaux du temps, appréciant son souffle épique et les multiples clins d’œil à l’oeuvre de Wells. Le roman a d’ailleurs été nominé pour le prix Hugo du meilleur roman en 1996.


Stephen Baxter : Les Vaisseaux du temps – 1995


Originalité : 1/5. Et si je faisais comme si j’étais H.G. Wells et que j’écrivais la suite de La Machine à explorer le temps ? Bel hommage, mais pour l’originalité, on reera.


Lisibilité : 2/5. Le premier tiers du roman est une vraie épreuve de lourdeur. Ca s’améliore un peu par la suite.


Diversité : 4/5. Les sept parties du livre nous transportent dans des univers radicalement différents.


Modernité : 1/5. Un gros effort de modernisation des concepts de causalité et de temporalité. Mais c’est vraiment le seul.


Cohérence : 3/5. L’ensemble a une cohérence interne relativement correcte, mais il ne faut pas se poser trop de questions…


Moyenne : 4.4/10.


A conseiller si vous avez toujours rêvé de connaître la suite de La Machine à explorer le temps. Ou pas, justement.


https://olidupsite.wordpress.com/2020/01/22/les-vaisseaux-du-temps-stephen-baxter/

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le 9 mars 2022

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