Les chansons de Bilitis est une ode avant-gardiste à la gloire de ces femmes qui trompent l'ennui en se réfugiant dans les bras de leurs semblables. A vrai dire, ça n'est pas vraiment de l'ennui...
Pierre Louÿs signe un recueil original. En effet, ce dernier renferme des poèmes qui auraient été écrits sur les parois de la cave renfermant la sépulture de Bilitis (personnage fictif en réalité). Ils narrent sa vie. L'ordre des poèmes est donc très important puisqu'il est chronologique. Pierre Louÿs n'est donc ici que « simple traducteur », alors féru d'histoire antique. Afin de pousser la tromperie à son paroxysme, le recueil indique pour certains poèmes « Non traduit ». Cette bizarrerie n'annonce que les prémisses d'une pléthore de poèmes tous plus savoureux les uns que les autres.
Bilitis transpose dans ces chansons sa vie ée. Jeune fille usant de ses formes charnelles et suaves deviendra une femme ionnément amoureuse d'une autre, Mnasidika. Elle goûtera alors les plaisirs sans fin d'une complicité délicieuse avec cette dernière. Chagrins et meurtrissures s'ensuivront car l'amour n'est, bien trop souvent, jamais réciproque. Afin d'assouvir des plaisirs interdits et naturels, Bilitis paiera des esclaves à l'usage sexuel (comme quoi en Grèce antique on s'amusait déjà bien !). Les derniers poèmes sont les trois épitaphes inscrites sur son tombeau.
Pourquoi j'aime tant ce recueil ? Parce qu'il est l'essence même de la volupté, du charme, de la langueur, de la lascivité, de la jouissance, de la délicatesse, de la ion. A sa lecture, on plonge immédiatement dans l'aménité de l'esprit de Bilitis et dans sa concupiscence parfois brutale. Les chansons de Bilitis c'est aussi l'expression exacte et indescriptible de l'amour. Pas seulement ce qui le compose intrinsèquement mais tout ce qui l'environne. Ce vêtement porté par Mnasidika devient objet de culte, cette eau qui l'a drapée semble être délectable et que dire de ce bijou qui a transmis son éclat à cette femme. Je crois que s'il fallait sauver sur Terre un écrit sur ce sentiment si ardent, si troublant l'ouvrage de Pierre Louÿs ferait figure de favori.
Une œuvre où l'érotisme est parsemé sobrement, donnant une saveur encore plus relevée à l'ensemble. Les Chansons de Bilitis résonneront encore longtemps en vous, tant elles vous auront déstabilisé. A se procurer donc (et en libre-service si je puis dire) : http://www.inlibroveritas.net/lire/oeuvre6587.html !
Quelques poèmes qui ont subtilisé un instant ma pensée :
-L'Arbre
-Le vieillard et les Nymphes
-LA rivière de la forêt
-Les dames au clair de lune
-Les confidences-20
-L'amie complaisante-30
-La coupe-32
-Les remords
-Chanson-37
-Le tombeau des Naïades-46
-Les conseils-50
-Le cœur- 74
-Promenade au bord de la mer-80
-Hymne à Astarté-99
-Hymne à la nuit-100
-Les Ménades-101
-La danseuse aux crotales-123
-A un mari heureux-126
-La danse des fleurs-132
-1er épitaphe-156
-Dernier épitaphe-158
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