Trop de folie tue t-il la folie?
"Alice au pays des merveilles" est la version étoffée des "aventures d'Alice sous la terre", texte offert à la vraie Alice. Et ça se voit. Les scènes sont plus longues et leur enchainement donne moins l'impression de er du coq à l'âne. Apparaissent les personnages cultes du chat du Cheshire ou celui du Chapelier (deux personnages qui donnent du "corps" à ce nouveau récit). On navigue toujours dans un univers totalement délirant. Tellement délirant qu'on se dit que c'est peut être un peu trop. Trop car du coup la folie est banalisée. Si Carroll y avait mis une choucroute parlante on aurait pas été étonné. Ce que j'ai aimé par rapport au texte d'origine c'est qu'Alice est plus critique sur son environnement (et parfois lourde d'insolence...) et parle clairement de la folie du monde dans lequel elle évolue, interrogeant au age sa propre folie. "Alice au pays des merveilles" fascine autant qu'il énerve. Il fascine par son ton moderne et les situations folles qu'il propose. Il énerve par la surenchère de délire et le sentiment, qu'au final, Alice n'a rien appris ou rien tiré de cette aventure. En effet, à la fin, la jeune fille est comme on l'a laissé au départ (ce qui éloigne le texte du registre du conte). Le côté "ce n'était qu'un rêve" atténue tout le texte. Du coup Alice est presque le personnage le moins intéressant de l'histoire. Et la rêverie finale de la sœur est de trop.
On peut aussi s'interroger sur la pertinence de lire ce texte en français qui, à la traduction, perd, de fait, tous les jeux de mots d'origine. C'est comme lire du Dante traduit, on perd le rythme. Malheureusement, à moins d'être parfaitement anglophone, on ne peut pas faire autrement.