Le monde est tout de même bien foutu. "Les Androïdes rêvent-ils de moutons électrique" est complémentaire de "Blade Runner", les qualités de l'un nourrissant le génie de l'autre.
Exit le côté badass taiseux de Deckard (dont on découvre le prénom, assez peu classe: Rick), exit aussi l'ambiance crépusculaire du film -qui emprunte plus à William Gibson qu'à K. Dick (oui, c'est bon, ça fait "caca"... roh les lourds). Le personnage de Roy Batty (Rutger Hauer) est lui relégué au rang de grobill sans grand intérêt. En fait, le bouquin est dépourvu de ce qui rend "Blade Runner" si unique.
Étonnamment, tout ce qui fait le sel des "Androïdes..." n'est qu'évoqué en creux dans le film. Le coeur du livre, la relation consumériste et mélancolique aux rares bestioles encore existantes et à leurs copies électriques, est réduit à quelques animaux-totems chez Ridley Scott (hiboux/Rachel, licorne/Deckard, colombe/Roy, Zhora/serpent...).
De même, le personnage de Rachel trouve une nouvelle dimension chez Philip K. Dick, dans la mesure où il est le reflet de Pris, les deux femmes n'étant qu'un seul et même modèle d'androïde.
On est loin du niveau d'un "Ubik", mais ce "Blade Runner" dickien vaut franchement le coup.
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