Le Moine
7.9
Le Moine

livre de Matthew Gregory Lewis (1931)

De ce livre, j'en avais vu l'adaptation par Buñuel et Kyrou de 1972 ; un film parfois maladroit visuellement mais assez fort dans le traitement de ses thématiques et qui m'avait conquis. Je n'ai pas vu l'autre adaptation avec Cassel.

C'est tout à fait par hasard et sans faire le lien au film que j'ai acheté ce livre. J'avais envie d'acheter un bouquin de Artaud, et le titre m'a interloqué. "Le moine (de Lewis)". De Lewis? Mais de Artaud quand même? Je découvre aujourd'hui que Lewis a donc écrit sa versoin qui a été traduite et que Artaud a retraduit le livre en prenant quelques libertés. C'est intéressant car cela en dit long sur ce qu'un traducteur peut prendre comme liberté. Le cas Artaud n'est certainement pas isolé et certainement le plus populaire. J'ai envie de découvrir l'oeuvre originale et sa première traduction. Je ne sais aps si cela aura lieu un jour, qui sait.

L'histoire est très prenante. Je constate très vite les libertés prises par Buñuel lors de l'adaptation, sans que cela ne gêne ma découverte du livre. Une narration éclatée, compliquée à saisir au début vu tous les personnages mais qui prend vite un sens aux yeux du lecteur. Les situations sont fortes et les digressions ne cassent en rien le rythme de lecture, au contraire, cela donne un second souffle au récit qui semble ne jamais s'embourber de ce fait. Il ne se e pas tant de choses que ça en fait dans ce livre, ce qui veut donc dire que l'auteur se plaît à étirer en longues descriptions le moindre phénomène. Je rassure : cela ne donne pas une écriture lourde à digérer. Au contraire, c'est avec un véritable plaisir que l'on s'attaque à chaque sentence. Puis Lewis prend beaucoup de liberté, peut-être parce qu'il s'agit là d eson premier roman, et ainsi il se permet de bousculer les codes d'écriture, de mélanger des techniques pour son bon plaisir. Malheureusement, Artaud ne gardera pas tous les poèmes initialement prévus. Mais il y ajoutera des citations pertinentes.

Je déplore simplement une baisse de rythme sur la fin. Non pas dans le chapitre final, assez jusqu'au-boutiste et cruel. Mais plutôt dans la fin de l'avant dernier chapitre consacrée à la conclusion des héros. C'est mignon tout plein mais un peu long et pas super intéressant. Aussi, même si ces héros donnent naissance à de belles situations dont le superbe chapitre "La nonne sanglante", il faut avouer que l'intérêt du livre, comme l'a compris Buñuel, c'est le moine Ambrosio qui va tomber au plus bas. Heureusement les autres personnages n'agacent jamais, mais les absences d'Ambrosio à la narration font un peu mal.

Bref, "Le moine (de Lewis)" de Artaud est un livre assez ionnant sur la chute d'un homme, sur l'amour, sur la foi, sur la peur, sur la vanité. Un réel plaisir à découvrir.
9
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le 11 avr. 2014

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Fatpooper

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