Avec un personnage aussi atypique que le fou de cour, j'avoue avoir eu peur que le livre souffre de la comparaison avec le premier cycle magistral de l'Assassin Royal. Puis, en jetant un œil aux remerciements de l'auteur, qui avoue avoir en partie tiré son inspiration du personnage du Fou de Robin Hobb, j'ai même eu doublement peur que ce premier roman français ne soit qu'un ersatz de son aîné...
Quelle erreur j'ai commise ! LE BOUFFON DE LA COURONNE évite tous les écueils que je redoutais, et réussit même le tour de force de bâtir une mythologie qui lui est propre, peuplé de personnages assez uniques.
S'il y a un lien avec l'Assassin Royal, c'est surtout dans le plaisir de lecture d'un moyen-âge sombre, qui n'épargne pas ses personnages. L'articulation du récit et des intrigues au château sont ionnantes, servies par une plume très imagée, très vive, qui glisse toute seule d'un paragraphe à l'autre.
C'est aussi une des très grandes forces de ce livre. Malgré sa taille conséquente, je n'en ai fait qu'une bouchée. La profondeur des personnages y est pour beaucoup. Là aussi, il y a un peu de Robin Hobb. C'est très sensible comme manière de décrire et de faire évoluer les protagonistes. On est loin des stéréotypes du genre, et plus le récit avance, plus on creuse le é des membres de la cour.
Je terminerai par la puissance du sujet de fond. Au-delà des péripéties bien menées, des coups de théâtre qui m'ont saisie, ce qui rend cette lecture si vivante dans mon esprit, c'est le discours et les questions soulevées sur l'Art, la religion et la nécessité du rire dans une société opprimé par la Tristesse.
En cela, Tirelangue le bouffon n' pas grand chose à envier au Fou de l'Assassin Royal...
LE BOUFFON DE LA COURONNE : TOME 1/2 (editions Actusf)