Laisse aller, c'est une valse par Kittiwake_

Elle est pleine d’entrain et de joie de vivre cette quinqua dynamique, qui a essuyé quelques revers sentimentaux et professionnels au cours de ses cinq décennies actives. Le bilan était plutôt positif : elle avait réussi à créer une entreprise qui lui ressemblait, un lieu convivial et défiant la grisaille du quotidien, nommé Au bon plaisir et proposant aux chalands de victuailles de qualité. Elle avait pour cela dû braver les airs obliques des banquiers sans qui l’affaire ne pouvait voir le jour, et elle avait réussi. Est-ce l’ambition, la folie des grandeurs, de mauvais conseils ou tout simplement les circonstances (quoique de pire qu’une pandémie ou qu’une bande de gilets jaunes perdus dans la capitale pour ruiner une recette de Noël ?), mais Au bon plaisir 2 a été un mauvais calcul. Les dés sont jetés. Après un rachat calamiteux et malhonnête, tout s’achève. 


Une gentille chronique pleine d’humour et d’autodérision, qui n’hésite pas à fustiger les âpres au gain qui détournent leur regard de l’humain, et ne voient le monde qu’au travers un filtre en forme de devise monétaire. 

« si le banquier n'a pas vraiment de questions, dites donc ça a l'air formidable tout ça, je vais regarder votre dossier et je reviendrai vers vous, on sait qu'on peut ranger la petite carte de visite du monsieur dans la boîte des gens qu'on ne reverra pas »

Les drames ont laissé des traces, une thérapie est en cours depuis longtemps, l’occasion de mouvement se moquer gentiment de l’art de la psychanalyse.C’est aussi l’occasion de revenir sur la famille, les amis, les amours, les échecs et les moments de bonheur.Le style est alerte, enjoué  et nous entraine dans le sillage de cette battante, prête à en découdre, à cinquante ans, on en a vu d’autre.  Pas non plus d’autoflagellation, ni de doigts pointés vers l’injustice de la vie, on n’est pas dans le larmoiement. Positive attitude.

Inspirée de sa propre expérience, Delphine Plisson nous propose un roman léger sur le dur monde des affaires. C’est court, pas d’ennui en perspective.Un bon moment de lecture.

6
Écrit par

Créée

le 16 mai 2025

Critique lue 4 fois

Kittiwake_

Écrit par

Critique lue 4 fois

Du même critique

Critique de Houris par Kittiwake_

C’est sur le ton d’une élégie que Kamel Daoud donne la parole à Aube, rescapée d’un massacre lors de la guerre civile en Algérie dans les années 9à. Rescapée mais muette, une décapitation ratée...

le 15 oct. 2024

4 j'aime

Critique de Amiante par Kittiwake_

A Thetford, la vie s’écoule monotone autour de la mine. Steve vit un été de rêve, réfugié dans la cabane qu’il a construit avec Charlélie, dit le petit Poulin. Ses dernières journées de bonheur avant...

le 14 oct. 2024

4 j'aime

Critique de Cabane par Kittiwake_

Inspiré  d’un rapport réel qui, en 1972, alertait le monde scientifique du risque majeur d’effondrement pour le milieu du vingt et unième siècle, à partir d’une modélisation qui prenait en compte de...

le 11 sept. 2024

4 j'aime