Après l'excellente impression littéraire laissée par Les eaux dérobées, le 2ème roman de Patricia Highsmith écrit sous pseudonyme en raison de son sujet politiquement incorrect à l'époque, j'avais envie de découvrir cette histoire policière louée pour la précision de son analyse psychologique. Et effectivement, de ce point de vue-là, c'est extrêmement bien fait : voilà un polar où il ne se e quasiment rien, hormis deux meurtres, quand même, et où toute la tension résulte essentiellement de la confrontation entre deux volontés opposées. Deux gars qui ne se connaissent qu'à peine jouent avec l'idée d'un meurtre parfait commis pour l'un par l'autre et vice versa. Le premier est franchement dérangé et c'est toute l'emprise psychologique qu'il va asseoir sur le second, un type qu'on pourrait dire normal si ce mot avait le moindre sens, qui fait le cœur du récit. Les personnages secondaires ne comptent pas pour des prunes non plus et acquièrent assez finement une profondeur qui leur est propre et leur donne une belle consistance. Donc, carton plein, d'un point de vue littéraire, l'illusion est parfaite. Après, au point où j'en suis de mon parcours, j'ai pris en grippe les affaires de meurtres sordides. Elles ne m'intéressent plus du tout et, du coup, j'ai un peu subi cette histoire pourtant plutôt bien menée. D'où un sentiment mitigé à la fin. Je garde malgré tout une excellente impression de quelques trouvailles presque poétiques, sur des chaussures avachies ou le tintement des glaçons dans un verre.