Homères cachés et collectifs, qui s'en vont semant leur légende dans l'esprit des foules ! Les générations qui se succèdent viennent pendant longtemps brouter ce cytise merveilleux d'une lèvre naïve et ravie, jusqu'à l'heure où la dernière feuille est emportée par la dernière mémoire, et où l'oubli s'empare à jamais de tout ce qui fut poétique et grand parmi les hommes.
Difficile de rendre compte d'un roman aussi foisonnant, aussi dense, aussi truffé de personnages, d'événements et d'histoires dans l'histoire que ce roman de Jules Barbey D'Aurevilly paru sous forme de feuilletons entre janvier et février 1852.
Le récit se déroule en Normandie, dans le Cotentin, au début du XIXème, alors que fument encore les braises des révoltes anti-républicaines qui commencèrent en Vendée quelques années plus tôt. Il est beaucoup question des "chouans", ces paysans rebelles qui prirent les armes face au nouveau régime pour défendre "Dieu et le Roi" et dont les acteurs sont pourchassés après.
Le narrateur chemine dans une lande ténébreuse (l'atmosphère est splendidement rendue par la plume de Barbey) et finit par demander son chemin à un "herbager" de age. Ce dernier va finalement faire route avec lui et, à la faveur d'un lugubre son de cloche nocturne en pleine forêt, va lui raconter l'incroyable et terrible histoire de l'abbé de la Croix-Jugan (le roman s'appelait d'ailleurs initialement "La messe de l'abbé de la Croix-Jugan").
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