L'Assassin Royal fait partie des innombrables sagas que j'avais englouties entre la 4e et la 2nde dans une boulimie assez invraisemblable quand j'y repense, mais m'avais marqué positivement par contraste avec d'autres livres que j'ai oubliés à peine refermés. Pour autant, presque 10 ans après, j'en avais un souvenir assez flou.
Alors quand j'ai trouvé le premier tome sur une étagère de livres à 50 cents de dollars néo-zélandais dans une "op-shop", j'ai reconnu sans hésiter une opportunité de retourner sur les traces de mon enfance dans les Six-Duchés.
Ce qui frappe d'emblée à cette seconde lecture, pas tellement du fait de le lire en anglais, Mousnier-Lempré ayant fait un excellent travail sur la traduction (seuls les noms des personnages me semblent sonner mieux en anglais), mais plutôt grâce à un regard neuf, c'est la précision du style employé par Robin Hobb. Le récit à la première personne traduit avec une grande justesse les sensations du personnage principal, par exemple en appuyant fortement sur l'odorat alors qu'il partage les sens de son chiot, ou encore à travers des comparaisons toujours rapportées à ce que l'enfant connait déjà.
Le livre prend bien le temps de planter son décor et de présenter les personnages ; c'est une constante chez Hobb et c'est ce qui lui permet d'avoir un univers aussi vivant et des personnages aussi fins. Il n'en est pour autant jamais pénible, le style est fluide et les mystères distillés au long des pages tiennent en haleine (et ce, même à la seconde lecture !). FitzChivalry, à la fois étranger au château et dans ses secrets les plus intimes, de sang royal mais frayant avec la plèbe, semble être le personnage idéal pour une immersion progressive et totale. La découverte goutte par goutte du métier d'assassin ainsi que de l'Art et du Vif intrigue et intéresse.
À ce stade du récit et en dehors de ces deux magies, l'univers manque encore quelque peu de profondeur, et reste malgré une certaine authenticité (on peut presque sentir l'odeur des écuries ou du port de Bucktown !) assez peu fantastique. Certains personnages comme le Fou ou même Fitz n'ont pas encore dévoilé le dixième de ce qu'ils deviendront. Il faut toutefois garder à l'esprit que ce n'est que l'introduction à une quinzaine de romans (du moins en version originale, Pygmalion ayant massacré dans l'édition française les découpages des cycles et des tomes pour en vendre une trentaine à 21€ chacun...).
Aussi je garde après cette relecture mes bons souvenirs de la saga, et mon œil ouvert, avec bon espoir de trouver les tomes suivants au coin d'une étagère de bouquiniste ou dans une bibliothèque partagée d'auberge de jeunesse !