La voilà. La pierre angulaire. L'acte fondateur. La nouvelle de Lovecraft, au sommet de son art. Bien que gardant le format de la nouvelle, elle s'avère plus longue que toute les précédentes. Découpée en trois partie, chacune relayant un témoignage. Un anthropologue hérite des biens de son grand-oncle, mort mystérieusement. Alors qu'il fait le tri dans la paperasse accumulée, il découvre une série de témoignages, des rêves étranges qu'ont fait certaines personnes, ainsi que d'autres témoignages et des coupures de journaux. En effet, son oncle enquêtait sur un mystérieux "culte de Cthulhu".
La première partie suit la rencontre du grand-oncle et d'un rêveur et de son analyse des rêves étranges que celui ci fait, semblant avoir un rapport avec Cthlhu.
La deuxième partie, le témoignage d'un policier racontant comment il a arrêter un culte horrible vaudou en nouvelle-Orléans et la découverte d'une étrange statuette.
Enfin le témoignage d'un marin, un an plus tard, mort lui aussi de manière mystérieuse. Il a couché dur papier ce qu'il a vécu en mer.
Notre anthropologue va commencer à faire le lien entre tout ça et découvrir la vérité cosmiques et terrifiante se cachant derrière.
Lovecraft met ici en œuvre un véritable talent en ce qui concerne la montée en puissance dans l'horreur. Il prend cette fois son temps (de manière relative, ça reste une nouvelle), nous dévoile les implications au fur et à mesure de ces évènements, jusqu'à un final particulièrement réussi, laissant la porte ouverte à toute les horreurs cosmiques qui peuplent son imaginaire. Ici, pas de point final en conclusion, plutôt des points de suspension, laissant entendre que ce qui s'est rendormi au fond de l'océan, dans la cité maudite et gigantesque de R'lyeh, ne dormira pas longtemps, attendant son heure afin de reprendre possession de la terre sous un nouveau règne, celui des grands anciens, plongeant l'humanité dans la folie et l'horreur sans nom.