Anna Gavalda écrit un épisode de Black Mirror pour l'Oulipo.

L'Anomalie est un objet étrange que j'ai dévoré en quelques jours.  

La démarche de Le Tellier est implacable, il imagine une situation qui rélève de la Science Fiction et la décline sur la vie d'une douzaine de personnages ordinaires et attachants. 

Je préfère ne pas révéler ce qu'est cette "Anomalie" qui constitue le véritable rebondissement SF du roman. Toutefois je peux vous dire que cette Anomalie est tellement bien présentée, expliquée scientifiquement et insérée dans la vie des personnages du roman qu'à la fin cette "anomalie" devient crédible et vous fera même douter de votre perception de la réalité (à la manière des soeurs Wachowski avec leur Matrix).  

Finalement, c'est un peu comme si une Anna Gavalda geek racontait l'histoire de personnages issu de la mondialisation qu'elle plongerait dans l'univers de Matrix ou Interstellar pour satisfaire à une contrainte de l'Oulipo. Il en ressort quelque chose proche d'un épisode de Black Mirror érudit et joyeux.

D'ailleurs l'Oulipo et les jeux littéraires sont omniprésents: pastiches, anagrammes, calligrammes, aphorismes, mises en abyme, running gags... tout y est inséré de façon discrète. 

On referme ce livre épaté par la maîtrise de l'auteur qui raconte des histoires d'amour sur fond d'actualisation du "Cogito ergo sum" tout en faisant des blagues de matheux ou en citant "Guerre et Paix". Ici l’érudition est au service du jeu et de la blague et c'est foutraque, optimiste et jubilatoire. Cela permet d'être optimiste sans être béat. Qu'importe ce que nous réserve l'avenir, il y aura toujours un jeu ou une citation pour mieux le vivre et l'appréhender.