Certains livres nous racontent une histoire. D’autres nous parlent. Jeu blanc fait partie de ceux-là. Il m’a profondément touché, remué, marqué. Il ne s’agit pas seulement du récit de Saul Indian Horse, jeune autochtone brisé trop tôt, mais d’une véritable traversée intérieure, d’une quête de soi à travers la mémoire, la douleur, et la beauté fragile de ce qui nous sauve.
Dès les premières pages, j’ai senti que j’entrais dans quelque chose de plus grand qu’un simple roman. La voix de Saul, intime, directe, presque nue, m’a accroché. Richard Wagamese a su écrire avec une sincérité rare, sans jamais tomber dans le pathos. Il ne force pas l’émotion, il la laisse naître naturellement, par la justesse du regard, la pudeur des mots. On sent que tout est vécu, que chaque mot est pesé, chargé de sens.
La manière dont l’histoire est construite m’a vraiment frappé. On découvre la vie de Saul à travers ses souvenirs, dans une narration en spirale, où le é revient par vagues. Ce choix rend le récit encore plus humain : comme lui, on avance à tâtons, on assemble les morceaux. On comprend peu à peu que cette histoire, c’est aussi celle d’un homme qui essaie de se comprendre lui-même.
Ce qui m’a particulièrement ému, c’est le rôle du hockey dans la vie de Saul. Ce n’est pas juste un sport qu’il pratique avec talent : c’est un refuge, un langage, une manière d’exister dans un monde qui le rejette. Sur la glace, il retrouve une forme de dignité, une liberté que la vie lui refuse. C’est beau, fort, et profondément symbolique. Ce sport devient pour lui une forme de poésie en mouvement, un souffle d’espoir au milieu du chaos.
Ce qui m’a aussi beaucoup plu, c’est l’écriture elle-même. Elle est simple, presque dépouillée, mais jamais froide. Au contraire, elle dégage une chaleur, une humanité, qui rend chaque age vivant. Il y a une forme de poésie discrète, sans effets de style, mais avec une grande puissance évocatrice. C’est une plume qui respecte le lecteur autant que les personnages.
Jeu blanc ne se contente pas de raconter un destin brisé. Il parle de réparation, de résilience, de la possibilité de se relever malgré tout. C’est un roman qui bouscule, qui fait réfléchir, mais surtout qui laisse une trace. J’en suis ressorti changé, avec le sentiment d’avoir lu quelque chose de profondément juste, nécessaire. Ce n’est pas un livre qu’on lit simplement — c’est un livre qu’on ressent.
Si je lui donne 10/10, ce n’est pas par excès d’enthousiasme, mais parce que Jeu blanc a tout ce que je recherche dans un roman : une histoire forte, une voix sincère, une écriture touchante, et une capacité rare à parler de choses essentielles. C’est une lecture que je recommande de tout cœur, à ceux qui aiment les récits humains, profonds, vrais.