Dans un pavé de 900 pages, Norman Spinrad nous livre sa critique de l'industrie du divertissement californienne et de ses hurluberlus, tout en essayant maladroitement d'insérer des réflexions sur la SF et l'écologie.
Mais, à la fin de l'ouvrage, une question cruciale demeure. Norman Spinrad avait-il réellement besoin de 900 pages pour sortir de telles banalités ?
Que l'on ne s'y trompe, la longueur d'un livre ne m'a jamais dérangé. Au contraire, je suis toujours heureux de voir qu'un auteur a eu suffisamment de temps et d'espace pour écrire tout ce qu'il avait à raconter. Sauf qu'avec Il est parmi nous, un problème majeur apparaît : Spinrad n'avait même pas besoin de 200 pages pour faire er ses messages.
Reste donc des centaines de pages de vide, répétant ad-nauseam les mêmes schémas et les mêmes situations pour asséner des messages loin d'être aussi subtiles que ne le pense l'auteur. Pire, il n'est pas rare d'avoir l'impression de voir Spinrad faire un clin d'oeil direct au lecteur, lui mettre une main sur l'épaule pour lui chuchoter : "Tu as vu ? Ici, c'est untel que je critique et là, c'est cette dérive que je pointe du doigt. Ne suis-je pas un vilain provocateur ?".
Répétez ça sur 900 pages - avec un Los Angeles qui semble bloqué dans les années 70-80 et ne présente rien des nouvelles dérives apportées par la fin des années 90 et le début des années 2000 - et vous comprendrez mon agacement avec ce titre.
Mais dans ce cas, pourquoi aller jusqu'au bout du livre ? Et pourquoi lui mettre 5 qui, n'en déplaise à ceux dont l'échelle de gradation e directement de la tranche 7-10 au 0, reste une bonne note ?
Car, même s'ils sont loin d'être originaux et qu'ils restent cousus de fil blanc, les ages avec Foxy Loxy sont amusants et terrifiants (et irablement retranscris en français par le traducteur). Car les chapitres (bien trop nombreux et redondants) suivants Dexter Lampkin en dépression en constatant l'état des fans de SF sont drôles et biens trop vrais. Car Texas Jimmy Balaban, bien qu'il soit un cliché vivant, reste un personnage attendrissant dont on suit les galères de producteur avec un vice assumé.
Tous ces ages, aussi imparfait soient-ils, parviennent même à me faire er les innombrables et inables pavés sur le New Age (critique ou pas critique) et expliquent mon envie de persévérer jusqu'à la fin du livre.
Toutefois, j'ai terminé Il est parmi nous avec une grosse interrogation en tête : quand Ralf était-il vraiment marrant ? Est-ce la faute à l'exercice difficile de traduction d'un talk-show comique ? Est-ce dû à une erreur de compréhension de ma part où il fallait lire que Ralf n'avait jamais été marrant ? Ou bien est-ce simplement que Spinrad n'a pas réussi à écrire de bons sketchs télévisuels pour un livre ?
Cette question, qui m'a taraudé tout au long de ma lecture, n'a fait que s'accentuer lorsque, prétendument, l'émission de Ralf a subitement arrêté d'être drôle, amorçant ainsi le dernier arc de l'ouvrage.
Ne suis-je finalement pas qu'un simple Vilain Macaque ?