Avec Heurs et Malheurs du sous-majordome Minor, de Patrick de Witt (Acte Sud), il y avait bien longtemps que je n’avais pas lu un roman aussi « barré » : le jeune Lucien Minor, dit Lucy, être falot et méprisé par la plupart des habitants de son village - y compris sa mère - décide, de prendre en main son destin. Il accepte un poste de sous-majordome dans un château rébarbatif situé dans les massifs alpins, le château Von Aux. N’ayant pour tout bagage qu’un costume élimé et une pipe qu’il se ridiculise à vouloir fumer, il débarque au château et se retrouve sous la coupe du vieil Olderglough, le majordome des lieux, et d’Agnès, femme à tout faire dont la cuisine est pire que tout ce que l’on peut imaginer. Et puis, il y a l’ombre du baron, un être singulier et insaisissable, qui hante les couloirs en se morfondant depuis le départ de son épouse…
Entre voleurs invétérés, marchands sans scrupule, mercenaires guerroyant sans but précis, et aristocrates débauchés s’adonnant à des orgies, le jeune Lucy peine à trouver sa place. D’autant qu’il tombe bientôt amoureux de la jolie Klara, jeune fille du village mais qui semble promise au redoutable chef des soldats, Adolphus.
Un humour très particulier comme seuls les anglais savent le faire baigne ce roman d’un bout à l’autre. Confinants à l’absurde, des situations totalement ubuesques et surréalistes se déroulent à travers les yeux de Lucy. Des dialogues dont on finit par se demander quel en est le but. On pourrait se croire parfois dans un Wodehouse ou un Tom Sharpe. S’il y a par moments certaines petites longueurs, l’ensemble se laisse dévorer à la façon d’un After Eight au moment du thé. Certaines scènes sont juste hallucinantes, comme celle du saucisson coincé dans le bras du costume, ou l’histoire du Très Grand Trou.
Une lecture agréable et un bon moment donc, pour ceux qui, comme moi, apprécient l’humour absurde et parfois cruel.