"La vraie prudence consiste, puisque nous sommes hommes, à ne pas vouloir être plus sages que notre
ne le comporte " (Y avait pas assez de place pour ma citation dans l'emplacement titre.)
Erasme, grand humaniste, nous offre ici un essai mordant, fin, qui sous des apparences de légèreté - de folie ? - pose de véritables questions, et qui ne manque pas de faire s'esclaffer le lecteur. Il y a des ages truculents sur les femmes (folles par nature), les prêtres, les princes...
Et si une première partie semble être plus théorique et enlevée, un peu anti-lyrique et assez peu sérieuse, une seconde partie prend l'éloge de la Folie comme prétexte pour er au vitriol l'ensemble de la société. Ce qui du coup ne répond pas à notre question : puisque nous avons affaire ici à une satire qui défend la folie pour mieux critiquer les hommes, faut-il oui ou non être fou ? Oh, sans doute un brin de folie participe-t-il de la sagesse. Les fous peuvent être heureux ; les sages acariâtres. Nous avons un large espace de liberté, nous pouvons décider d'être un peu fous, parce qu'après tout qui a dit qu'il fallait être mortellement sérieux ?
Je trouve toutefois que parfois la plume de ce cher Erasme s'appesantit un peu trop sur le ridicule de l'Eglise par exemple, bien qu'il mêle avec un grand doigté humour et critique. Et puis je n'ai pas pu m'empêcher de m'endormir dessus hier, alors forcément mon jugement peut en être altéré. C'est donc un court texte, mais qui réussit à avoir quelques longueurs.
Seul défaut, sans doute, d'un projet qui a l'esprit de la Contre-Réforme et de Rabelais, de l'amour de la vie et de l'ironie cruelle. Ca se savoure.