1548 : Etienne de la Boétie invente le théâtre de l'absurde. Un peu trop tôt, personne ne goûte son humour désespéré. Il faudra attendre 400 ans de plus pour que les salles se remplissent.
Et pourtant, il savait rire jaune, le brave Etienne. Cioran, lui aussi, peut s'estimer battu au poteau. "La liberté, les hommes la dédaignent uniquement, semble-t-il, parce que s'ils la désiraient, ils l'auraient ; comme s'ils refusaient de faire cette précieuse acquisition parce qu'elle est trop aisée".
Le problème avec les bombes, c'est qu'elles ne tombent pas toujours entre les bonnes mains. Ce qui aurait du éclairer les consciences, faire hurler de désespoir, tout remettre à zéro, a j'en ai peur servi de vade-mecum à plus d'un tyran, quelle que soit la taille de ses chaussures, et de ses ambitions. J'imagine les pires comme les plus ridicules, de Napoléon au mari de Carla, de Staline à Berlusconi, de Mitterrand à Marcos, enfants, en train de lire de tout leurs yeux, émerveillés, ce B.A BA de la nature humaine. Un opuscule bien trop lucide, qui effectivement désespèrera l'homme de bien, mais ouvre des perspectives sans fins aux despotes en herbe.