Après un précédent roman de veine autobiographique, je me demandais bien comment Delphine de Vigan arriverait à se renouveler sans décevoir son lectorat. Pari réussi haut la main en ce qui me concerne!
Ce roman commence avec une trame classique. Nous découvrons une Delphine de Vigan fragilisée par le succès de son précédent roman qui s'apprête à écrire à nouveau. Ses enfants vont bientôt quitter le nid, son compagnon François Busnel se retrouve par mont et par vaux pour les besoins de ses émissions.
La première partie démarre fort avec la naissance d'une amitié exclusive, proche de celles vécues à l'adolescence, entre Delphine de Vigan et L. qui ne sera jamais nommée. La romancière développe des réflexions très bien senties autour de cette fusion notamment sur la recherche de la part manquante dans ce type de relations ou sur le fantasme de la compréhension absolue.
Dans la seconde partie, le roman change de cap. Cette amitié prend des allures inquiétantes, distillant malaise et impatience chez le lecteur. IL assiste avec grand plaisir à un jeu de manipulation qui oscille alors entre l'impalpable de David Lynch et la perversité de Misery.
Dépression, folie? Peut-on réellement se fier à ce que la narratrice raconte? Ou alors à l'inverse doit-on prendre du recul vis à vis ce qu'elle entend?
Avec son air de ne pas y toucher, au détour de dialogues ionnés, Delphine de Vigan amorce une réflexion ionnante sur le réel en littérature. Ce questionnement alors entre en résonance avec le récit lui conférant une toute autre ampleur.
Au age, tout en déroulant le fil d'Ariane à l'affût du moindre indice, on s'amuse beaucoup en devinant les livres présents sur les rayonnages de sa bibliothèque ou en essayant de cerner l'actualité de François Busnel à cette période.
Ce livre figure parmi les temps forts de cette rentrée littéraire 2015 avec une auteure qui nous fait l'élégance de la légèreté pour démontrer tout le sérieux qu'elle accorde à la littérature.