Chien rouge

Une nouveauté. Trouvée lors de mon age à la "Foire du Livre de Brive" en novembre dernier.

J'avais cru comprendre de la sympathique discussion avec Pierre-Olivier Lombarteix qu'il s'agissait de son premier roman. En fait, vérification faite, ce n'est pas tout-à-fait vrai puisqu'il a déjà écrit une dizaine de romans. En revanche, il est possible que ce soit un premier roman dans le genre "polar", à moins que ce soit le premier dans le genre "terroir". Parce qu'en effet, Lombarteix, étant originaire de Haute-Corrèze, a situé son roman sur "ses" terres (parfois) sauvages du plateau de Millevaches.

L'argument initial est intéressant.

Sur ces terres rustiques où, en principe, il ne s'y e jamais rien, on y voit un entrepreneur parisien, victime des réseaux sociaux, s'y réfugier pour préparer sa défense. Mais dans ce même bled, on y trouve une communauté (à mon époque, on aurait dit "hippie", aujourd'hui "écolo" ou pire, "zadiste") installée au grand dam des autochtones, plutôt épris de chasse et de traditions.

Pour un petit bled paumé, c'est vrai que la barque est bien chargée. La campagne n'est plus vraiment ce qu'elle était. Le chaudron du village de Siom menace d'être sérieusement explosif.

Le livre se lit très agréablement avec des chapitres clairs correspondant à la poursuite de l'intrigue de chacune des diverses entités sus-nommées présentes dans le village.

Les personnages sont tous plutôt antipathiques. On découvre que l'entrepreneur en fuite, victime des réseaux sociaux, n'est ni plus ni moins qu'un salaud qui s'ignore. Quant aux zadistes, on voit poindre leur intolérance vis-à-vis des natifs du village. Leur implantation là est en quelque sorte une base arrière de leurs "activités" ailleurs. Restent les autochtones pas du tout emballés par ces intrusions et ces remises en cause de leurs méthodes. Tout ceci s'annonce fort alléchant.

Et j'en arrive finalement à ce qui va me laisser plutôt partagé sur le roman dans son ensemble. C'est que le roman, à ma grande surprise, va respecter l'axiome d'Euclide. Pratiquement, les trois entités vont traverser le roman sans se rencontrer ou si peu. Je m'attendais à voir l'entrepreneur, quittant une vie parisienne devenue inable, s'impliquer, d'une façon ou d'une autre, dans les affaires locales, par exemple. Ou à voir apparaître un vrai problème "commun" entre ces trois entités. On peut s'imaginer tout et n'importe quoi. Une grosse bagarre, prélude à une autre étape plus constructive ou au contraire, une guerre larvée (genre western) avec l'intervention d'un chevalier blanc ou plus prosaïquement d'un conciliateur ou même un massacre général … Tandis que là, rien ; enfin j'exagère un peu mais je ne vais pas non plus raconter le roman, sinon pour dire qu'on aurait pu en tirer bien plus.

Au final, c'est un roman potentiellement très intéressant dans sa façon d'aborder des sujets d'actualité, dans sa façon de décrire avec ion la riche nature du plateau. Mais malheureusement il est gâté par une construction ou une intrigue que je vais considérer, gentiment, pas assez ambitieuse.

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le 4 janv. 2024

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JeanG55

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