Bon, on pouvait se douter que François Ruffin n'était pas fan fan d'Emmanuel Macron. De là à en pondre 200 pages, il y a un sacré pas ! Il faut quand même vraiment, vraiment en vouloir à quelqu'un pour lui dédier un pamphlet de cette longueur-là. Après, ça n'est pas non plus du Bossuet, ça n'a pas dû prendre 107 ans et sa se lit d'une traite. Évidemment, je ne fais pas non plus partie de la Société des irateurs Éperdus de notre actuel président, comme, globalement, je ne prendrais ma carte dans aucune société d'irateurs du moindre de nos hommes politiques, tant je suis consternée par la faible qualité de notre personnel en la matière. Ils arrivent toujours pimpants et auréolés de leur gloriole académique et/ou de leurs succès électoraux et, à peine trois mois plus tard, le petit Redon-Lamûre qui sommeille en chacun de nous a pointé son nez et prête le flanc à toutes les critiques. Forcément, ce sont des gens, à la base, même si on fait des contorsions improbables pour nous le faire oublier. Alors, bon, Macron ou n'importe quel autre, aucun ne me semble vraiment taillé pour les responsabilités qui lui sont confiées. Et peut-être que personne, dans un monde raisonnable, ne devrait présider aux destinées d'une nation entière. Il faut quand même être drôlement présomptueux pour accepter une charge pareille. C'est ce que met en avant cet essai fondé sur des années de pratique de l'animal politique qui nous gouverne, puisque François Ruffin sort du même établissement scolaire d'Amiens. Il a eu vent très tôt de tous les succès de pacotille de l'excellent élève Macron, littéraire piqué de poésie et fondu de théâtre qui nous donne aujourd'hui des leçons d'économie tout autant que de civisme. Que voulez-vous, ce génie précoce est bon en tout. Comme notre récente Ministre de l’Éducation Nationale : avec autant de qualités personnelles innées, inutile se s'y connaître en enseignement pour décider du devenir de tout un système déjà chancelant. Sur ce postulat forcément étonnant, nous suivons donc notre brillantissime jeune homme dans ce parcours explosif qui l'a mené d'échecs académiques en réussites bancaires. En lui donnant l'occasion de copiner avec les ultra-riches de notre pays. Et de se faire payer au age sa fête de mariage par l'un d'entre eux. Je crois que c'est ce qui m'a le plus choquée. Inutile d'aller plus loin, presque, je trouve que là, tout est dit. Parce que ça fait aussi écho aux leçons d'autonomie assénées aux chômeurs qui déjà m'avaient un peu défrisée. Il faudrait quelqu'un qui se soit véritablement fait tout seul pour oser proférer des inepties semblables; ça ne les rendrait pas plus irables, mais au moins, on se dirait que le gars a un parcours qui explique ses errements moraux, du simple point de vue de la logique. Après le brûlot de François Ruffin, il est bien clair que le cas Macron est désespéré. Encore plus que les infos ne le laissaient penser. Mais mon découragement est plus profond que ça, parce qu'il faut bien constater que notre joli système si bien pensé il y a si longtemps déroule le tapis rouge à un certain nombre de caractères qui me semblent relever davantage de la psychiatrie. Mais bon, ça, c'est mon point de vue et je vais éviter de le développer sur 199 pages de plus. J'ajoute simplement que les meilleures pages de ce petit livre énervé sont réservées à ces riens du tout qui composent notre paysage citoyen, notamment aux mères qui élèves seules des tas d'enfants avec un revenu proche de l'argent de poche. Moi aussi, j'aime mieux penser à elles qu'à ces pédants moralisateurs et ablement incompétents (mais qui le serait, compétent, dans une mélasse pareille?) dont on nous rebat inlassablement les oreilles aux infos. Comme dirait ma mère, ça donne plutôt envie de tirer la chasse.