John Fante, chaque fois que j'y pensais, c'était Demande à la poussière, le livre est cool, agréable avec une ambiance chouette de raté, mais chaque fois que j'y pensais c'était surtout pour ce mec qui me l'avait conseillé, un type étrange, la nuit, au fond d'un bar fermé, une scène étrange, floue, à vous ancrer un livre presque oublié dans la tête. Suffisamment oublié en tout cas, pour n'avoir jamais ouvert un autre de ces livres.
Allez savoir pourquoi, récemment on m'en a offert un second, comme ça, devant un bar, sous la neige, Bandini. C'était dans le thème, on attendait entre autre le printemps. Et figurez-vous que c'était encore mieux. Ce personnage, qu'on aimait bien, malgré son histoire par trop banale, l'écrivain raté des hôtels minables de L. A., a eu une enfance bien plus plaisante à raconter, bien plus originale !
Arturo Bandini a 14 ans, il a deux merveilleux petits frères, une maman au regard éteint, avalée par la religion, un papa maçon, coureur et impulsif ; que du bonheur ! La pauvreté, les dettes, des poulets débiles, et cette foutue neige qui n'en finit pas de tomber, à désespérer du printemps, des matchs de base-ball sur le terrain vague, et puis il y a les cours chez les bonnes soeurs, et Rosa Pinelli, la belle Rosa Pinelli, que plus tard ils se marieront. Le livre est court, dix chapitres, vif et frais comme son héros, c'est drôle, c'est plein de colère, et d'amour, et de vie ; c'est un premier livre - en fait, je viens de vérifier, mais non ; bizarre, c'est lui qui l'écrit dans la préface... - et ça claque !